D’origine marocaine, Fatima est enseignante en lettres modernes dans la région parisienne mais également chroniqueuse pour le magazine « Fumigènes ». Ce deuxième passe-temps lui permet de se lancer dans un exercice surprenant : celui de l’analyse littéraire des textes de rap.
En septembre 2009, Fatima Aït Bounoua a publié un recueil de nouvelles intitulé « La honte » qui se propose par le biais de chaque histoire, de disséquer ce sentiment que tout un chacun a déjà vécu au moins une fois dans sa vie.
Jordan, l’enfant protagoniste de la première nouvelle du recueil intitulée « L’héritage », se fait exclure pendant trois jours de son école. Pour que la peine prenne plus de sens, ce dernier fera également des travaux d’intérêt général à la cantine de l’école. Un jour, un professeur dit à Jordan : « Tu vois Jordan, si tu ne travailles pas à l’école, c’est là que tu finiras. » Et Fatima Aït Bounoua d’expliquer : « Le professeur n’a rien vu. Il n’a pas vu au fond de la cuisine, la femme qui, depuis dix ans, travaille là. Il n’a pas vu son regard quand il a dit cela. Il n’a pas vu son regard quand elle a baissé les yeux ». En quelques mots, l’auteur nous fait ainsi partager un double sentiment de honte. D’abord celui de l’élève, honteux de se retrouver à une place qui n’est pas la sienne, mais surtout celui de l’employée qui, elle, se sent honteuse des propos du professeur et humiliée par une phrase d’apparence anodine. Peu de mots, mais beaucoup d’émotions, tel semble être le leitmotiv de l’auteur à travers les seize nouvelles de « La honte ».
Le recueil de nouvelles a remporté le Prix littéraire de la Cité des mots en 2009.
Mardi dernier, l’auteur a participé à une conférence autour du thème « Nouvelles générations, écritures nouvelles ? » témoignant ainsi d’une autre facette des écrivains « Marocains du monde » : celle des nouveaux venus sur la scène littéraire.