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L'agence sud-coréenne Yonhap, citant une source militaire, a annoncé que l'armée nord-coréenne avait tiré dimanche vers 16H00 (04H00 GMT) des obus qui sont tombés juste au nord de la frontière maritime entre les deux pays près de Yeonpyeong, une île sud-coréenne isolée en mer Jaune près de la côte nord-coréenne.
Les autorités locales de Yeonpyeong ont dit à l'AFP avoir envoyé des messages sur les téléphones mobiles des habitants pour les prier de rester chez eux par précaution. "Des coups de canons nord-coréens sont actuellement entendus", ont dit ces messages, qui ont déconseillé aux résidents les "activités à l'extérieur" et évoqué la possibilité d'une riposte des forces sud-coréennes.
Vendredi, les habitants de Yeonpyeong et de Baengnyeong, une autre île sud-coréenne située tout près de la Corée du Nord, avaient déjà reçu l'ordre d'évacuer vers les abris en raison de tirs d'artillerie nord-coréens dans les eaux environnantes. Plus de 200 obus avaient été tirés, selon Séoul, dont l'armée a riposté au moyen d'un exercice à munitions réelles quelques heures plus tard à Yeonpyeong.
La Corée du Nord a affirmé que ses tirs constituaient "une réponse naturelle et une contre-mesure" aux exercices militaires menés par la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon dans la région, selon l'agence officielle KCNA.
Puis, samedi, l'armée sud-coréenne a annoncé que la Corée du Nord avait tiré 60 obus dans les eaux près de Yongpyeong, près de la ligne de démarcation maritime. La Corée du Nord a toutefois apporté une autre version.
Selon Kim Yo Jong, la puissante soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, il s'agissait en fait de charges explosives simulant le son d'un canon, que les forces nord-coréennes ont fait sauter pour tester la réaction sud-coréenne.
"Notre armée n'a pas tiré un seul obus dans l'eau", a affirmé Kim Yo Jong dans un communiqué diffusé dimance par KCNA.
"Les militaires voyous de la République de Corée ont mordu au leurre que nous avons lancé", s'est-elle réjouie. Avant d'ironiser: "A l'avenir, ils prendront même le grondement du tonnerre dans le ciel du nord pour un tir d'artillerie".
Les autorités sud-coréennes n'ont pas réagi à cette affirmation dans l'immédiat.
Cette escalade militaire en mer Jaune est une des plus sérieuses sur la péninsule depuis 2010, quand le Nord avait bombardé Yeonpyeong, faisant quatre morts dont deux civils. Elle survient après une salve de déclarations belliqueuses du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, qui a notamment menacé ces derniers jours d'"anéantir" la Corée du Sud et les Etats-Unis.
L'île de Yeonpyeong, qui compte environ 2.000 habitants, est située à 115 km à l'ouest de Séoul et à une dizaine de kilomètres au sud de la côte nord-coréenne. Egalement très proche de la Corée du Nord, Baengnyeong, 4.900 habitants, se trouve à 210 km de la capitale.
Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit dans la péninsule en 1953, qui s'est conclue sur un armistice et non un traité de paix. Depuis plus de 70 ans, la Péninsule coréenne est le théâtre de périodes d'aggravation des tensions et d'incidents armés, entrecoupées de périodes de relative détente entre Pyongyang et Séoul.
Mais les relations entre les deux Corées sont actuellement au plus bas depuis des décennies.
L'an dernier, la Corée du Nord a inscrit son statut de puissance nucléaire dans sa Constitution et a tiré plusieurs missiles balistiques intercontinentaux, en violation des résolutions de l'ONU.
Au terme d'une réunion du comité central du Parti des travailleurs de Corée, fin décembre, Kim Jong Un avait ordonné l'accélération des préparatifs militaires en vue d'une "guerre" pouvant "être déclenchée à tout moment".
Il avait aussi exclu toute réconciliation avec la Corée du Sud, soulignant la "situation de crise persistante et incontrôlable" qui, selon lui, a été déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.
Dans un effort de dissuasion, les forces armées américaines ont envoyé en Corée du Sud ces derniers mois le sous-marin à propulsion nucléaire USS Missouri, le porte-avions USS Ronald Reagan et un bombardier stratégique B-52, provoquant à chaque fois la colère de Pyongyang.