La famille du gendarme Achraf Marwane, assassiné par des trafiquants d'argent en accomplissant son devoir dans la province de Tinghir, attend toujours que le principal accusé, toujours en fuite, soit arrêté et jugé pour son crime qui a coûté la vie à leur fils. D'après une lettre adressée par le père du défunt au chef de service d'inspection à la gendarmerie Royale, dont nous avons reçu copie, on constate l'état de consternation et d'indignation de la famille de la victime quant aux manœuvres qui entachent la démarche de la justice dans cette affaire. Mohammed Marwane affirme que le principal accusé continue à fréquenter librement sa maison familiale à Tinghir sans que les forces de l'ordre interviennent en application de l'avis de recherche lancé au niveau national par le procureur du Roi à Ouarzazate. Il a été contraint de demander l'intervention du général du Corps d'armée de la gendarmerie Royale, le colonel commandant régional à Ouarzazate et le chef de la gendarmerie Royale à Tinghir. Ces doléances ont abouti à la mobilisation d'une force de 20 éléments qui s'est déplacée le 04 avril 2009 à la maison du principal accusé pour l'appréhender ; malheureusement, la brigade était revenue bredouille car, d'après la lettre, on avait fait le nécessaire pour aviser le mis en cause. Cependant, le père du défunt affirme avoir appris de sources concordantes, que deux gendarmes avaient surpris le frère de l'accusé recherché portant vêtements et nourritures vers une destination inconnue. Pourtant, le chef de la brigade leur a ordonné de le relâcher, après avoir passé un coup de fil, sous prétexte que c'était les ordres du procureur du Roi.
Lors d'une visite de courtoisie à la famille de la victime, ajoute Mohammed Marwane, le chef de la gendarmerie Royale a déclaré qu'une personne lui avait proposé le montant de 170 mille dirhams pour que l'affaire soit limitée à un simple accident au lieu d'un homicide volontaire. Quelle est l'identité de cette personne? Pourquoi n'a-t-on pas procédé à l'arrestation de ce présumé corrupteur? Des questions, entre autres, que se pose le père de la victime eu égard à ces déclarations dangereuses. Cependant, il n'arrive pas à comprendre les raisons qui ont poussé les enquêteurs à négliger la piste d'un présumé "chef Yaakoubi" cité par le principal accusé au point de contrôle routier avant l'incident mortel. Ce dernier avait tendu le téléphone au collègue de la victime lui demandant de parler au "chef Yaakoubi", le gendarme avait été catégorique en refusant de prendre le téléphone et de céder au chantage du trafiquant. Pourquoi n'a-t-on pas cherché à identifier cette personne qui peut être impliquée avec le principal accusé dans ces activités illégales ?
Rappelons que la voiture de service de la gendarmerie Royale avait été renversée par deux trafiquants du métal d'argent à Tinghir ; les deux éléments de la brigade, y compris Achraf Marwane qui a succombé à ses blessures sur les lieux, avaient refusé de céder aux tentatives de corruption des deux cousins qui transportaient une cargaison de quelques centaines de kilogrammes du métal blanc volé de la mine d'Amider à Tinghir.
Mais, la mère de la victime passe son temps, en larmes, à regarder la photo de son fils avec l'espoir de voir le principal accusé appréhendé et jugé pour son crime.