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Née dans une famille de motards enthousiastes -son père est un ancien champion de la discipline et possède un magasin de motos- Nora a été assise sur une selle de moto dès son plus jeune âge.
"Je suis née sur une moto. A quatre ans, mon père m'asseyait sur une petite Montesa et me faisait faire des tours et des tours devant son magasin", se souvient la jeune femme, âgée de 20 ans.
"Un jour, pensant que j'étais fatiguée, il a voulu m'enlever de la moto mais je ne voulais pas lâcher l'accélérateur", s'amuse cette grande brune élancée et souriante, qui s'anime soudain quand elle parle de son sport.
Mais les femmes iraniennes, qui peuvent conduire des voitures, des bus ou même des camions, ne sont pas autorisées à conduire des motos par le régime islamique. Nora a donc décidé, rapidement, de prendre la clef des champs, ou plutôt des montagnes dominant Téhéran, pour aller satisfaire sa passion en famille.
"Mon père était champion d'Iran de motocross, ma mère fait de la moto, mon jeune frère aussi, et bien sûr mon mari également", explique-t-elle.
Le problème, pour s'entraîner, est que la piste du stade Azadi, le principal complexe sportif de Téhéran, n'est pas ouverte aux femmes. "Nous n'avons pas de piste permanente, alors nous allons dans les collines au nord-ouest de Téhéran, où mon père a déterminé des endroits offrant les difficultés techniques essentielles".
Pour parfaire l'entraînement, la famille s'offre parfois quelques extras, comme la première ascension du mont Towchal qui domine Téhéran à près de 4.000 mètres d'altitude.
Et fin octobre, la passion de Nora s'est concrétisée par un titre de championne d'Iran en catégorie MX2, arraché devant huit autres concurrentes dont sa mère, Shahrzad Nazifi, dans la seule course de motocross féminin d'Iran, un événement organisé par le club motocycliste Xanyar créé par sa famille. "Un jour fantastique pour moi", dit-elle.
"C'est normal, elle est plus jeune et a plus de potentiel, elle a plus de technique aussi", reconnaît de bonne grâce sa mère, âgée de 38 ans.
Nora, qui court sur une Yamaha 2006, aimerait désormais se confronter à d'autres adversaires à l'étranger, notamment aux Etats-Unis. "Je voudrais vraiment courir hors d'Iran, et les Américaines sont les meilleures dans ce sport", explique-elle.
"Mon modèle est Ashley Fiolek (ndlr: championne de motocross féminin des Etats-Unis en 2008 et 2009). J'aime son style, et elle est jeune comme moi. Mais je ne pense pas que nous pourrons nous rencontrer dans un avenir proche", soupire Nora.
Alors, en attendant, elle aimerait promouvoir le motocross auprès des femmes qui recherchent un sport "stimulant et technique".
"Ma mère et moi sommes des pionnières en Iran, et nous entraînons d'autres femmes dans le cadre du club Xanyar. Actuellement, j'ai trois élèves", explique Nora. "Mais la plupart des femmes ne connaissent même pas l'existence de ce sport", regrette-t-elle.
Quant à ses projets familiaux, ils sont évidents : son mari et elle auront des enfants qui "seront des motards eux aussi".
Le mari, Hadi Mogaddas, confirme : "Quand on se marie, généralement on abandonne la moto. Là c'est différent, j'en fais encore plus qu'auparavant".