Neuf ans dans l'enfer d'un camp en Corée du Nord

A cause d'un secret


AFP
Jeudi 22 Août 2013

Neuf ans dans l'enfer d'un camp en Corée du Nord
Afin d'empêcher qu'elle n'évente la liaison entre une de ses amies et le fils du dirigeant de Corée du Nord, une danseuse a passé neuf années dans "l'enfer" d'un camp de travail, avec ses parents et ses enfants, dont la plupart ont péri, a-t-elle raconté cette semaine devant une commission de l'ONU.
Kim Young-Soon, aujourd'hui âgée de 77 ans, est parvenue à fuir son pays natal en 2001. Avec d'autres transfuges, elle témoigne devant la commission d'enquête des Nations unies, qui examine pour la première fois officiellement les droits de l'Homme sous le régime des Kim.
Pyongyang, qui dément tout abus, ne reconnait pas cette commission et a interdit à une délégation de se rendre au Nord.
Dans les années 70, Young-Soon appartenait au cercle privilégié proche du pouvoir. "J'avais une vie fabuleuse, j'étais dorlotée, jusqu'à mes 34 ans. Je dansais devant le Cher Leader (Kim Il-Sung, le dirigeant de l'époque: ndlr) et je voyageais à travers le pays, comme une célébrité", a-t-elle dit.
Parmi ses amis figurait Song Hae-Rim, une actrice mariée, devenue en 1969 la maîtresse de Kim Jong-Il, le fils du dirigeant, et son héritier. Hae-Rim annonce un jour à la danseuse qu'elle emménageait avec son amant. Leur liaison était un secret d'Etat, même lorsque la jeune femme donne naissance à un fils.
Pour s'assurer que le secret ne soit jamais éventé, le pouvoir entreprend une purge, dont est victime Kim Young-Soon. En 1970, elle est convoquée par la police, enfermée et interrogée pendant deux mois sur ce qu'elle sait sur "de hauts dirigeants".
Elle ne lâche rien mais est envoyée, avec ses parents et ses quatre enfants, à Yodok, un camp de prisonniers dans une région montagneuses et isolée, au nord-est du pays, "l'endroit le plus infernal de la planète", selon son témoignage.
"Ils ne m'ont même pas dit de quoi j'étais coupable. Ils ont simplement dit +vous devriez être tous morts mais on vous autorise à vivre grâce à l'immense mansuétude de notre dirigeant+".
Obligés de travailler sans relâche, sous-nourris, battus et torturés, les détenus tombaient comme des mouches. Les parents de Kim Young-Soon meurent au bout d'un an, un de ses fils se noie dans une rivière et sa fille est placée dans une famille de paysans. Elle ne l'a jamais revue.
Libérée en 1979 grâce à l'intervention d'un haut responsable militaire, elle est parvenue à fuir le pays en 2001.
"Ceux qui vivent dans un pays libre ne comprendront jamais vraiment ce qui se passe dans ces camps de travail", a-t-elle conclu devant la commission.


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