En toile de fond de cette initiative, les derniers événements de Ghardaïa. Ce comité «s’est constitué sur la base de la conscience aiguë de chacune et de chacun qu’à Ghardaïa se joue le sort de l’Algérie d’une part et la sauvegarde de l’héritage de la lutte de nos ancêtres contre la conquête coloniale dès le 6 juillet 1830», souligne l’appel.
Les signataires «dénoncent les luttes de clans qui conduisent le pays à une situation chaotique, chaque partie utilisant la société en vue de régler leurs différends». Et d’ajouter que «partout dans le pays, nos concitoyen(ne)s sont pris au piège de manœuvres qui ont, aujourd’hui, pour théâtre la wilaya de Ghardaïa, mais déjà observées par le passé dans d’autres régions comme la Kabylie, Touggourt, Bordj Badji Mokhtar… ». Une allusion faite aux conditions politiques et sociales internes suffocantes.
D’ailleurs, le texte de l’appel n’omet pas de rappeler, «avec inquiétude», que «la situation dans le pays, et particulièrement pour les catégories les plus fragiles, s’aggrave chaque jour davantage». De ce fait, les signataires interpellent le pouvoir algérien dont ils rappellent le rôle de protection des biens et des personnes et condamnent l’instrumentalisation, d’où qu’elle vienne, du communautarisme et du séparatisme qui constituent des menaces pour le tissu national.
Dans ce contexte, les signataires dénoncent les appels à la haine et appellent à la défense des principes de liberté d’expression et de conscience comme d’égalité entre tous les citoyens et les citoyennes. Une manière de rappeler les souffrances des populations amazighes de Ghardaïa qui assistent à la profanation de leur patrimoine architectural et leurs cimetières par des groupes sévissant en toute impunité.
Le Collectif appelle la société civile algérienne à se mobiliser afin de faire échec aux agressions de toutes sortes. “Nous demandons à tous et toutes d’être vigilant(e)s et de manifester leur solidarité en se mobilisant en vue de dénoncer toute atteinte aux droits, d’où qu’elle vienne, dans la wilaya de Ghardaïa comme partout à travers le territoire national”, ajoute-t-il
Dans un entretien accordé au quotidien français Libération, au lendemain des événements de Ghardaïa survenus en juillet dernier, l’anthropologue Fatma Oussedik, l’une des signataires de cet appel, avait pointé du doigt les autorités algériennes «: «Je dirais à qui profite le crime? Le pacte national, c’est que l’Etat doit protéger les biens et les personnes des interventions extérieures. Et que fait l’Etat algérien? Rien. Cette passivité doit être interrogée quand, sur Internet, des vidéos postées montrent des forces de l’ordre tirer sur les Ibadites…», dit-elle dans cet entretien.
Samia Zennadi, une autre signataire de l’Association Tharwa Fadhma N’soumeur, avait lancé, en 2014, une alerte à la poudrière dans laquelle elle avait évoqué une situation alarmante. La violence qui y sévit «constituera avec les autres «preuves» la nécessité d’une intervention humanitaire au moment où les tambours médiatiques vont se mettre en branle pour justifier une intervention impérialiste en Algérie».
Tous les autres signataires avaient dans le passé mis en garde l’Etat algérien contre l’impunité des «cagoulés» que les vidéos montrent souvent comme des chefs hiérarchiques donnant des ordres aux autres jeunes.