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Ce qui devrait être une simple question orale posée par la députée socialiste Hasna Abouzeid sur la couverture des protestations sociales et autre sit-in par les télévisions publiques se transforme en passe d’arme et attaque frontale d’un ministre contre la presse de l’opposition. « Je vous interpelle Monsieur le ministre sur l’indépendance des médias audiovisuels publics qui sous votre ère sont en train de se transformer en télévisions gouvernementales.
C’est bien vous qui avez protesté, au lendemain des manifestations du 1er mai parce que la télévision n’a pas donné la part belle au syndicat qui est proche de votre famille politique. Est-ce cela votre bilan et votre réforme de l’audiovisuel ? » a demandé la parlementaire du parti de la Rose. La réaction de Mustapha El Khalfi est immédiate. Elle n’est pas, surtout, réfléchie. «Ce journal publie des informations mensongères quand il écrit que j’appelle 2M pour protester contre une couverture qui n’aurait pas été de mon goût», lance-t-il. Depuis que la rectification des cahiers des charges a été confiée à une commission ministérielle présidée par Nabil Benabdallah, le ministre de la Communication est visiblement devenu hyper-sensible à la question des médias publics.
Offense et excuses
Le président du Groupe parlementaire socialiste bondit de son siège pour demander la parole dans le cadre d’un point d’ordre. «Jamais nous n’aurions pensé qu’un ministre allait se permettre de traiter un journal de menteur. Comment un responsable gouvernemental peut-il qualifier un quotidien de menteur ? Nous protestons vigoureusement contre ces propos non démocratiques tenus par un gouvernement qui se prétend démocratique. Nous pouvons ne pas être d’accord les uns avec les autres mais en aucun cas nous ne pouvons nous insulter et nous traiter de menteur. Monsieur le ministre, vous n’avez pas d’autre choix que de retirer ces propos que vous avez tenus.
En tout cas, nous, nous ne partageons pas votre conception de la démocratie», a martelé Ahmed Zaidi, dans un brouhaha inqualifiable, alimenté par les députés islamistes du PJD, volant au secours de leur ministre, auteur de l’offense. Dans l’hémicycle, les députés usfpéistes s’élèvent contre cette avanie et font entendre avec force leurs protestations. Parmi eux, Abdelhadi Khairat, le directeur de la presse qu’édite l’USFP, Al Ittihad Al Ichtiraki et Libération, et qui a bien du mal à contenir sa colère face à l’affront fait au journal qu’il dirige. Driss Lachgar lui emboîte le pas. Ce qui s’est passé est, estime-t-il, grave pour la démocratie, grave pour le gouvernement, grave pour les rapports de respect que doivent entretenir les différentes institutions.
«Jamais un ministre n’a osé proférer une telle insulte ni porter une telle accusation contre un journal édité de surcroît par un parti politique respectable et ce dans l’enceinte même de l’institution législative. De mémoire de député, jamais on n’avait vu cela», a commenté un parlementaire de l’opposition.
La présidente de la séance, la députée PAM Khadija Rouissi, est très vite débordée. Elle s’empresse de lever la séance. Dans les coulisses, la fièvre commence à tomber, les esprits s’échauffent moins et finissent par se calmer. El Khalfi a très vite pris conscience qu’il vient de commettre une erreur politique lourde. «Un ministre ne perd pas ses nerfs même s’il est sous pression, ça se maîtrise ou ça démissionne», ironise cette Usfpéiste. Sous la Coupole, il présentera ses excuses et dira tout le bien qu’il pense d’«Al Ittihad Al Ichtiraki», ce journal qui lui a «beaucoup appris», affirme-t-il. Au même moment, tout le monde sait qu’il est déjà trop tard. Le jeune ministre islamiste, lui-même directeur de journal presque dans une autre vie, s’est attiré sûrement pour longtemps les foudres de l’opposition de gauche et de sa presse.