Troisième Ghanéen à remporter la Ligue des champions après Abedi Pelé et Sammy Kuffour, le joueur de l'Inter Milan, l'un des plus beaux joyaux du club formateur des Liberty Professionals d'Accra, aurait dû être le leader naturel des "Black Stars" en l'absence du capitaine Michael Essien.
C'était sans compter sur un individualisme forcené qui le place en marge d'une équipe où le collectif est imposé par le sélectionneur Milovan Rajevac comme l'alpha et l'omega de la réussite.
"Ma titularisation dépendra de l'entraîneur. Il décide seul. Pour moi, le plus important, c'est le groupe. Je lui offre tout mon soutien. C'est tout", lâche Muntari, 25 ans, dans un entretien à l'AFP. "Si je joue, je donnerai tout pour l'équipe." "Je n'ai jamais été furieux" de ne pas être titularisé, s'agace-t-il.
"J'étais blessé!". Officiellement une contracture à une cuisse qui ne l'a pas empêché d'entrer trois fois en jeu en fin de match. Comme un espoir...
Le visage fermé dément autant que son passé une soumission de bon gré.
Tout comme l'assurance en début de Mondial que son statut de remplaçant ne lui posait "aucun problème" a été suivie d'excuses à Rajevac pour avoir haussé le ton... L'épisode n'est que le dernier d'une longue série.
Le bus attend. En 2004, Muntari a été renvoyé de l'équipe olympique pour avoir "perturbé le groupe". Il a alors annoncé qu'il ne jouerait plus pour le Ghana, avant de faire amende honorable.
Ses refus de répondre à une convocation contre l'Angola puis pour une réunion avec Rajevac, ont été sanctionnés d'une exclusion pour la Coupe d'Afrique des Nations en janvier. Il a encore dû aller à Canossa pour gagner le droit d'aller au Mondial.
Sauf qu'entre-temps, les prestations d'Ayew l'ont installé comme titulaire.
"Sulley a fait une ânerie. Il n'imaginait pas que la vie était possible sans lui", relève sous couvert de l'anonymat un membre de l'encadrement des Black Stars. S'il s'emporte vivement contre un jeune équipier qui a l'audace d'enlever la boue de ses crampons à ses côtés, Muntari tente désormais de jouer collectif, allant jusqu'à prendre part, lui le musulman pratiquant, aux cercles de prière initiés par des joueurs majoritairement protestants pentecôtistes.
"Nous vivons un moment extraordinaire. Les seuls Africains à aller en quarts pour le moment ont été le Cameroun et le Sénégal. Nous voulons continuer pour rendre l'Afrique heureuse et je veux laisser tout le négatif derrière moi", lâche Muntari, visage toujours aussi fermé.
C'est sur le terrain qu'il devra se faire pardonner, avec un match du calibre de ceux de 2006. Tout le Ghana l'attend. Comme ses équipiers qui patientent dans le bus pendant qu'il rassemble ses affaires. On ne se refait pas.