Sa filmographie atteste d’un talent très généreux. Aussi, les rôles qu’on lui confie, aussi complexes soit-ils, deviennent grâce à sa finesse et à son intelligence d’une facilité déconcertante. Mouna Fettou a, en effet, campé des rôles très différents les uns des autres et à ce titre, elle semble trouver beaucoup de plaisir, à juste titre d’ailleurs parce que cette actrice n’aime pas la simplicité et l’uniformité.
Le regard qu’elle porte, sur le cinéma marocain et son évolution en dit long sur sa maturité artistique. Très diplomate dans ses déclarations, elle n’en dénonce pas moins ce qui la choque, de même elle ne verse jamais dans la complaisance.
Pour elle, le cinéma marocain se porte bien comme en témoigne le nombre de plus en plus grand des films produits. Certes, comme elle le souligne, tout n’est pas bon à prendre mais l’exception ne saurait éclipser la règle. Un constat est là, et il faut savoir l’analyser.
C’est vrai que parti presque du néant, le cinéma marocain existe bel et bien aujourd’hui et il faut vraiment être déconnecté pour ne pas s’en apercevoir. Mais, il est vrai aussi, que les films ne se valent pas, tout comme leurs réalisateurs. Au Maroc, il faut savoir que nous avons plus d’une catégorie de cinéastes. Les meilleurs, et il n’y en a pas beaucoup malheureusement. Mais sur le registre des débutants et surtout sur celui des réalisateurs marocains établis à l’étranger, il y a beaucoup de talents qu’il faudrait encadrer et accompagner, parce que la catégorie des réalisateurs moyens s’essouffle. D’ailleurs, le Centre cinématographique marocain devrait se tourner un peu vers cette catégorie au lieu de subventionner des réalisateurs qui ont montré leurs limites. Dans la même logique, il devrait se garder de verser dans la complaisance et ne faire valoir que le côté strictement artistique. Ce qui s’est passé lors du dernier Festival national du cinéma suscite des interrogations !
Mais pour Mouna Fettou, le CCM fait bien son travail et c’est grâce à lui que notre cinéma foisonne aujourd’hui, surtout que les fonds dont il dispose ont été revus à la hausse de façon très significative. Sans les subventions du CCM, on ne produirait même pas le quart des réalisations d’aujourd’hui.
C’est là, certes un débat à ouvrir, mais il y en a un autre autrement plus important, à savoir les salles de projection. Il est anormal que la production augmente alors que les salles de cinéma ferment les unes après les autres. Là, le CCM ne peut que proposer et il était question de la création de multiplex. Une bonne idée surtout que le temps des cinémas de quartier est révolu.
En attendant, Mouna Fettou reste l’une des surprises les plus merveilleuses du cinéma marocain et une valeur sûre du septième art comme de la télévision.