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Mort de Barry Sherman, philanthrope et redoutable homme d’affaires canadien

Ses détracteurs l’ont accusé d’escroquer les consommateurs

Mercredi 20 Décembre 2017

 Le milliardaire canadien Barry Sherman, mort au côté de son épouse Honey dans des circonstances non élucidées, a édifié patiemment l’un des plus grands laboratoires du Canada tout en vivant simplement et en devenant l’un des principaux philanthropes du pays.
Leurs amis et beaucoup de responsables politiques comme le Premier ministre Justin Trudeau ont salué la mémoire du couple Sherman, retrouvés étranglés vendredi dans leur maison. Des morts “suspectes”, a déclaré la police sans les classer à ce stade comme des homicides.
“Leur enthousiasme pour la vie et leur engagement envers leur famille et leur communauté” sont des traits de caractère décrits par les enfants de Barry et Honey Sherman, qui étaient respectivement âgés de 75 et 70 ans.
Né en 1942 dans une famille juive de Toronto, Barry Sherman est un enfant doué et décroche très vite des diplômes en génie physique et en sciences spatiales de l’université de Toronto et du prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) aux Etats-Unis.
A Toronto, pendant ses années d’études, il s’initie à la pharmacologie dans le laboratoire que possède son oncle Louis Winter, qui met au point des versions bon marché d’aspirine et d’autres médicaments.
A la mort de son oncle, Sherman et un associé reprennent son laboratoire, le vendent à un concurrent américain puis utilisent le produit de la vente pour créer Apotex en 1974.
Bourreau de travail, Barry Sherman révolutionne l’industrie pharmaceutique canadienne en faisant de son entreprise un acteur incontournable des génériques, avec plus de 300 médicaments vendus dans 120 pays.
A sa mort, il était toujours président du conseil d’administration du laboratoire qui emploie plus de 11.000 personnes dans le monde, dont plus de la moitié au Canada sur une vingtaine de sites.
Si Barry Sherman se plaisait à conduire une vieille voiture, le Canadian Business Magazine le classait quinzième personne la plus riche du Canada, avec une fortune évaluée à 4,7 milliards de dollars canadiens (3 milliards d’euros).
“Barry et Honey étaient gentils, c’étaient des gens bien qui vont beaucoup nous manquer. Leur contribution économique et philanthropique pour Toronto les place dans une classe à part”, a réagi John Tory, maire de la plus grande ville canadienne.
La générosité des époux Sherman a été mise en avant par la direction d’Apotex en rappelant qu’ils avaient, via leur fondation, versé plus de 50 millions de dollars canadiens en soutien à des universités, des hôpitaux et autres bonnes œuvres.
Mais Barry Sherman n’a pas eu que des amis dans la vie. Ses détracteurs l’ont accusé d’escroquer les consommateurs et d’intimider ses concurrents.
Il s’est aussi fait connaître pour ses multiples actions en justice, tantôt défiant les brevets détenus par des géants de la pharmacie pour en faire profiter son entreprise de médicaments génériques, tantôt pour contrer les tentatives de quatre de ses cousins de remettre en cause ses titres de propriété sur l’entreprise.
Barry Sherman s’était aussi trouvé ces derniers mois au cœur d’une controverse politique en réclamant l’abandon d’une enquête sur ses activités de financement du Parti libéral de Justin Trudeau, pendant que des lobbyistes d’Apotex multipliaient les pressions sur le gouvernement.
Barry Sherman s’est mis bien des gens à dos.
“C’était un être humain déplorable”, a confié à l’AFP lundi Amir Attaran, professeur à l’université d’Ottawa, qui a publié une comparaison des prix entre les médicaments d’Apotex vendus au Canada et à l’étranger.
“Les gens ont tendance à croire qu’il a fait de grandes choses pour les médicaments génériques, alors que ce n’est absolument pas le cas. Les Canadiens payent plus cher leurs médicaments que pratiquement partout ailleurs dans le monde”, a-t-il dit.
Il y a quelques années, l’hématologue Nancy Olivieri s’était attiré les foudres de Barry Sherman en sortant une étude sur les effets d’un médicament d’Apotex sur la fibrose hépatique, médicament interdit depuis au Canada tout en restant prescrit dans des dizaines de pays.


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