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Outre sa sortie dans 143 salles en Iran, il sera projeté demain en ouverture du Festival du film de Montréal.
À l'évidence, l'évocation de la vie du Prophète dont les règles islamiques interdisent toute représentation physique, reste une opération des plus délicates. Et même si le ministère de la Culture et de l'Orientation islamique iranien a qualifié le film d'exemplaire, «Mohammed» a soulevé de l'opposition en dehors de l'Iran. La puissante Académie de recherche islamique, associée à l'Université Al-Azhar d'Egypte, la plus ancienne université islamique active, avait notamment demandé, en 2012 lors du début du tournage, que le film ne soit pas diffusé. «Nous exigeons que l’Iran s’abstienne de sortir le film, et craignons qu’une image faussée du Prophète puisse être conservée dans les esprits des musulmans. Nous appelons tous les cinéastes à respecter les religions et les prophètes», avait fait savoir ladite université dans un communiqué.
Ainsi l’Arabie Saoudite et l’ensemble des pays sunnites voient rouge. Autant que pour la question du nucléaire iranien, cette fiction cinématographique soulève une véritable tempête entre l’islam chiite et l’islam sunnite. Du coup, le Qatar fait monter les enchères sur cette rivalité régionale et veut à son tour produire sa propre version de la vie du Prophète. Les Qataris l’ont récemment annoncé, leur film ne montrera pas le Prophète et auraient déjà embauché le producteur du «Seigneur des anneaux», Barrie Osborne et, comme conseiller scientifique, le prédicateur de l’islam Yusuf Al Qaradawi. Budget de ce projet pharaonique : un milliard de dollars.
« Ces dernières années, une mauvaise lecture de l'islam dans le monde occidental en a donné une image violente qui n'a strictement aucune relation avec sa vraie nature», explique le réalisateur dans un entretien accordé à l’AFP. A ses yeux, cette «mauvaise lecture» vient «de groupes terroristes» comme «l'Etat islamique qui n'ont pas de lien avec l'islam dont ils ont volé le nom» et qui veulent en projeter «une image terrifiante dans le monde». «En tant qu'artiste musulman (...) mon objectif était de créer une vision de l'islam qui change de celle qu'a l'Occident» et qui se résume souvent à un «terrorisme islamique attaché à la violence», affirme le cinéaste. Or, selon lui, «l'islam c'est la concertation, la bonté et la paix».
Interrogé sur la polémique et les violences que pourrait provoquer son long-métrage dans le monde musulman qui proscrit toute représentation du Prophète, Majid Majidi se veut confiant. «Des pays comme l'Arabie saoudite auront des problèmes avec ce film mais beaucoup d'autres pays musulmans l'ont réclamé», affirme-t-il. « «Mohammed» ne dépeint pas le Prophète lui-même mais le monde tyrannique qui l'entoure tel qu'il le voit à travers ses yeux d'enfant, de sa naissance à l'âge de 13 ans», insiste le cinéaste. Par un jeu d'effets spéciaux, son visage n'apparaît jamais, «mais on voit sa silhouette et son profil». «Cela peut être dénoncé par certains», reconnaît le réalisateur. «Nous avons choisi une période de la vie du Prophète où il n’y a pas lieu à polémiquer entre la vision des groupes chiites et sunnites, nous avons fait ce film en vue d’amener l’unité dans le monde musulman», affirme Majid Majidi, dont le journal britannique The Guardian a récemment fait écho à sa nature très religieuse, en rappelant son refus de se rendre à un festival de cinéma au Danemark au moment de la controverse des caricatures de 2006, ainsi que sa rencontre, en 2009, avec l'ayatollah Khamenei, leader suprême du pays. Ce dernier avait d'ailleurs visité le plateau au début du tournage.
Il est, par ailleurs, à rappeler qu’un précédent film sur le Prophète, «Le Message», avait été réalisé en 1976 par le cinéaste américain d'origine syrienne Moustafa Akkad. Il comportait deux versions, anglaise et arabe, avec des acteurs différents, Anthony Quinn et Irène Papas étant les stars de celle en anglais. A l'époque, le film avait suscité une vive polémique.