Selon le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, les liens entre le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et "les réseaux terroristes", et notamment le groupe jihadiste Etat islamique qui a revendiqué l'attaque du 14 juillet, "pour l'instant ne sont pas établis par l'enquête".
"Le mode opératoire emprunte totalement à ce que sont les messages de Daech" (acronyme arabe de l'Etat islamique), a toutefois déclaré le ministre lundi à la radio RTL. "On ne peut pas exclure qu'un individu déséquilibré et très violent - et il semble que sa psychologie témoigne de ces traits de caractère - ait été à un moment, dans une radicalisation rapide, engagé dans ce crime absolument épouvantable ", a-t-il ajouté.
Lundi, six personnes se trouvaient toujours en garde à vue. Parmi elles, un Albanais de 38 ans, arrêté dimanche, est soupçonné d'avoir fourni au tueur son pistolet 7,65 avec lequel il a tiré sur des policiers avant d'être abattu. Trois des six personnes interrogées ont été transférées dans les locaux des services de renseignement près de Paris.
Selon des sources policières, au moins une personne a évoqué en garde à vue un basculement "récent" vers "l'islam radical" de Lahouaiej-Bouhlel, un homme violent qui n'affichait, jusqu'il y a peu, aucun intérêt particulier pour la religion.
A Nice, les autorités ont prévu pour cette minute de silence des "moyens exceptionnels supplémentaires" de sécurité sur la Promenade des Anglais qui a été recouverte de fleurs. C'est sur ce front de mer que le tueur avait foncé sur la foule réunie pour le traditionnel feu d'artifice du 14 juillet, jour de fête nationale.
Le bilan de 84 morts, dont dix enfants, pourrait encore s'alourdir. Le pronostic vital de 18 blessés, dont un mineur, était toujours engagé dimanche. Au total, 85 personnes restaient hospitalisées.
L'enquête a progressé pour cerner les éventuelles complicités de l'auteur de l'attentat, qui a soigneusement planifié son attaque le jour de la fête nationale du 14 juillet.
Peu avant l'attentat, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait envoyé un SMS "se félicitant de s'être procuré un pistolet de calibre 7,65 et évoquant la fourniture d'autres armes", selon des sources proches du dossier.
Plus de 200 enquêteurs sont mobilisés pour "identifier l'ensemble des destinataires" des divers messages envoyés par le tueur.
Le chauffeur-livreur tunisien, âgé de 31 ans, s'est également pris en photo au volant du camion qui a servi à commettre l'attentat, entre sa location le 11 juillet et le 14 juillet, avant de l'envoyer par SMS.
Selon une source proche des enquêteurs français, il avait repéré les lieux avec son camion les deux jours précédant son attentat.
Huit mois après avoir décrété l'état d'urgence en France dans la foulée des attaques jihadistes du 13 novembre, le gouvernement socialiste a appelé samedi "tous les Français patriotes" à venir épauler les forces de sécurité.
Un nouveau conseil de défense et de sécurité était prévu lundi pour tirer les leçons de cet attentat alors que l'exécutif français continue d'être critiqué sur sa gestion antiterroriste.
L'appel du ministre de l'Intérieur à rejoindre les réservistes de la police et la gendarmerie est la seule proposition nouvelle lancée par le pouvoir, acculé à réagir trois jours après le carnage. Une proposition jugée dérisoire par le président du parti Les Républicains (droite), Nicolas Sarkozy, qui a jugé que "tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été".
L'attentat de Nice est la troisième tuerie de masse commise en France par des jihadistes, après les attentats de janvier 2015 (17 morts) et du 13 novembre à Paris (130 morts).