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Mohamed Hachdadi, le globe-trotter volleyeur

Jeudi 30 Novembre 2017

Poitevin depuis moins d'un an, Mohamed Hachdadi, le pointu Marocain est la grande révélation de la Ligue A française où il truste la place de meilleur marqueur sans complexe.

Sur le terrain, Mohamed Hachdadi fait figure de colosse. A 26 ans, le finisseur poitevin impose sa stature (90 kg, 198 cm). Originaire de la ville de Mohammedia, l’adversité a façonné l’homme et le joueur à travers un parcours de globetrotter, parsemé de hauts, de bas et d’horizons dérobés.
Quelques mois après avoir posé ses valises en Nouvelle-Aquitaine, le phénomène marocain participe au renouveau du stade poitevin et trône au classement des meilleurs marqueurs de l'élite (25,2 points en moyenne). Il forme en compagnie de ses coéquipiers Zimmerman et Geiler, le triangle d’or pictavien, qui sème la zizanie dans les rangs adverses et permet à Poitiers de lorgner à nouveau les sommets, six ans après son dernier titre de champion, dans une compétition promise au quatuor Chaumont, Montpellier, Tours et Paris. L’absence de Mohamed Hachdadi, lors de l’unique revers à domicile contre Nantes Rezé, est autant révélatrice de son importance que les cinq succès enquillés en sa présence.
Toutes les composantes du Stade Poitevin Poitiers sont unanimement dithyrambiques à l’égard du Marocain. A l’image de son entraîneur, dans les colonnes du quotidien sportif L’équipe «Sur les contre-attaques, notamment, il est assez exceptionnel. Avec un pointu capable d’aller aussi haut (saut mesuré à 3,72 mètres) tout en étant efficace, c’est forcément agréable », soulignait Brice Donat, qui a le chic pour dénicher des pointus de talent. Les joueurs se montrent tout aussi élogieux. « Mohamed a réalisé un début de saison de folie. Il a été inhumain, intouchable. On lui donne la balle, il finissait derrière ».
Ce niveau de performance et de confiance maximal est le fruit d’un sinueux parcours jalonné d’obstacles. Enfant, Mohamed Hachdadi a été initié par sa grande sœur volleyeuse au ballon multicolore. Formé dans le club local de sa ville natale, il aura battu à l’âge de 15 ans un record de précocité en honorant sa première sélection sous le maillot de l’équipe nationale. Un événement qui lui a valu de s’exporter en 2011 dans le championnat qatarien, première étape de son tour du monde censé l’emmener vers le succès. Entre 2011 et 2015, il évolue comme réceptionneur-attaquant ou central, sous les couleurs d’Al-Ahli (2011-2013) et d’Al-Rayyan (2013-2015). Idyllique au début, l’aventure dans le petit émirat vire à l’aigre et se termine en eau de boudin. Sa volonté de jouer régulièrement s’est opposée aux règles en vigueur. Car pour jouer au Qatar, il lui fallait jouir du statut de résident, impliquant un changement de nationalité sportive qu’il a catégoriquement refusé. Son retour au pays a coïncidé avec le championnat d’Afrique lors duquel il finit meilleur menant le Maroc sur le podium.
Les sollicitations n’ont pas tardé à affluer, notamment en provenance du championnat allemand. Mais porté par sa passion du jeu, il a privilégié l’opportunité de jouer dans un championnat mineur, aux dépens d’une place de doublure dans une ligue plus huppée. C’est ainsi qu’il intègre la SM-league finlandaise, sous le fanion de l’Hurrikaani Loimaa. Un changement radical, lié au choc culturel et surtout climatique dans un pays dont les températures négatives peuvent atteindre les – 39 °C. Le froid glacial ne l’a pas empêché de s’éclater sur les parquets finlandais. Mais un an plus tard, les appels du pied du championnat turque finissent par le persuader de s’y engager.
Dans le club de la capitale turque, le Halkbank Ankara (2016-2017), Mohamed Hachdadi se trouve confronté pour la première fois à une adversité sportive. Dans une équipe qui compte six étrangers et alors que le règlement du championnat turc n’offre la possibilité qu’à deux d’entre eux d’être sur le terrain, l’attaquant marocain se retrouve souvent en tribune, barré par l’un des meilleurs joueurs du monde, le Serbe Milijkovic. Un sentiment d’impuissance et de frustration atténué par son envie d’apprendre et de progresser au côté de ce dernier.
Cependant, son ambition de compétiteur reprend le dessus. En avouant ses velléités de départ à son coach, il retrouve un temps de jeu plus conforme à son investissement à l’entraînement, avant d’être blessé et stoppé net dans sa lancée.
En fin de saison, Hachdadi décline l’offre de prolongation, apeuré par la situation politique du pays d’Ataturk. Il fait le choix de quitter la Turquie pour découvrir la Corée du Sud et l’Asie. Une expérience qu’il décrit comme la meilleure qu’il n’ait jamais vécue. Subjugué par la minutieuse organisation et le professionnalisme du championnat coréen, en dépit d’un niveau moyen. Unique étranger dans l’équipe d’Ansan, Hachdadi y explose son record de points lors d’une même rencontre (46). Non content de s’installer dans la facilité, il plie bagage en fin de saison pour retrouver un championnat d’un standing à la hauteur de son talent. La suite est connue, Mohamed Hachdadi retrouvera la France, où il fait les beaux jours du Stade Poitevin, en attendant de pouvoir réaliser son rêve le plus cher, celui de porter les couleurs de l’un des 4 meilleurs clubs italiens.

Chady Chaabi

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