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La diversité culturelle du Maroc célébrée au Village de la Francophonie à Paris
est un rappeur
sénégalais très connu pour ses critiques acerbes de différents systèmes politiques
et chefs d’Etat africains. Entre rap et slam,
l’artiste ne mâche pas ses mots, et évoque les idéaux d’un jeune
tiers-mondiste conscient de son histoire.
Entretien.
Libé: Comment êtes-vous venu au monde de la musique?
Messline: Je pense que dès mon jeune âge, j’ai été influencé par Bob Marley, qui m’a fait aimer la musique. Mais tout a commencé quand j’ai débuté à écrire des textes en m’inspirant de la poésie africaine. J’ai par la suite eu envie d’adapter cet art sous une forme musicale. Et mon choix s’est porté sur le rap. Il faut dire que j’avais tous les éléments nécessaires, je n’ai fait que les réunir.
Et pourquoi le rap ?
Je ne fais pas que du rap. Je fais également du slam, du reggae et de la poésie, car ils sont issus de la même famille. Mais il faut dire que c’est la musique rap qui est plus distinguée dans mes chansons. En fait, en écrivant, j’avais compris que la musique que je ressentais me parlait en langage «rap», et quand je composais mes premières chansons, ce sont des rythmes saccadés (utilisés en rap) qui sortaient le plus souvent. Alors en associant poésie engagée, reggae, et idéologie panafricaine cela fait de moi un rappeur «Nigger».
Est-il raisonnable d’utiliser le terme «Nigger » comme appellation?
Il faut savoir que “Nigger” peut être employé pour designer l’ensemble des valeurs de la négritude, l’appartenance ethnique à une grande civilisation d’Afrique noire qui a souffert dans son passé d’esclavage et de néocolonialisme, et qui souffre aujourd’hui d’impérialisme. Ce mot a été choisi à sa juste valeur pour englober toute la souffrance de l’humanité, des opprimés d’Afrique, d’Amérique et des Caraïbes en vue d’en faire un puissant fer de lance du respect de l’homme noir. Et donc pour revenir à la question, partant des principes évoqués précédemment et de mes profondes convictions, on peut employer Nigger depuis le premier jour où le célèbre Marcus Garvey a pris l’initiative de se lancer dans la lutte pour l’amélioration des conditions des noirs. En se basant sur le principe afro-centré, je me considère comme un membre appartenant historiquement à la grande civilisation négro-africaine.
On dit souvent que "le rap engagé est un art dangereux, il faut être physiquement et psychologiquement fort"
Quand il est difficile de trouver des personnes pour soutenir tes projets, ou qu'ils te demandent d'édulcorer le propos ; quand tu investis toi-même et que malgré tes efforts les portes restent fermées, les critiques acerbes, la censure tacitement présente, il faut avouer que c'est très dur… Par exemple, pour mon dernier clip, on m'a demandé de couper des phrases si je souhaitais qu'il passe sur certaines chaînes de télévision. Pour le morceau «Envie d’ailleurs», certains programmateurs m'ont dit qu'ils l'appréciaient beaucoup mais qu'ils ne souhaitent pas le jouer pour éviter des problèmes. Je parle ici des détentions, ou des coups très durs que peuvent recevoir les artistes qui chantent les dérives de nos systèmes politiques. Je pense par exemple au rappeur marocain Mouad Belghouate alias L7a9ed.
Comment jugez-vous l’évolution du rap en Afrique?
Je dirai que le rap africain évolue vraiment, dans la musicalité comme dans les textes. On sent une nette évolution. De nos jours le rap est beaucoup plus technique. Mais les textes sont très souvent taxés de vulgaires. Mais il faut garder à l’esprit que le rap est indissociable de la vulgarité. Et ce n’est que l’image de la société.