Mehdi Benatia : Il est navrant d'apprendre que des personnes ont perdu la vie dans un stade de football

Samedi dernier, le complexe Mohammed V de Casablanca a connu un véritable chaos et la rencontre qui opposait l’équipe du Raja à celle d’El Hoceima avait tourné au vinaigre faisant trois morts et plus d’une cinquantaine de blessés. A cause de virages fermés pour travaux, les groupes ultras du Raja, habituellement placés dans le «virage Sud», se sont rabattus dans les tribunes latérales à ciel ouvert  pour y voir leurs Verts affronter les Rifains d’Al Hoceima. Sauf que l’ambiance dégénère et deux de ces trois principaux groupes, les «Eagles 06» et les «Greenboys 05» s’offrent une bataille rangée entraînant de gigantesques mouvements de foule. Projectiles, jets de fumigènes, bagarres entre des sweats à capuche (les Eagles) et des torses nus (les Green Boys) et les grilles de séparation de la tribune cèdent, détruites. Trois mineurs, dont deux garçons de 14 et 17 ans, y ont laissé leur vie, alors que plus de 50 blessés, de nombreuses arrestations et des dégâts en pagaille dans et autour du stade ont été enregistrés.
A cette occasion, de nombreux joueurs de la sélection nationale de football ont dénoncé ces actes de hooliganisme regrettables, à l’instar du défenseur du Bayern Munich, Mehdi Benatia qui s’est dit navré d'apprendre que des personnes ont perdu la vie dans un stade de football. «Une pensée aux familles des victimes suite aux événements tragiques entre supporters lors du match opposant le Raja et Al Hoceima, je tiens à rappeler que le foot est une source de plaisir autant pour les joueurs que pour les supporters. Il est navrant d'apprendre que des personnes ont perdu la vie dans un stade de football», écrit le défenseur sur son compte Instagram. «J'invite le peuple marocain à continuer de mettre l'ambiance dans les stades sans débordement. Ce message vaut pour tous les drames dans tous les stades du monde», a-t-il ajouté. Pour sa part,  le meneur de jeu du FC Twente Hakim Ziyach s’est dit «vraiment attristé de voir des jeunes s’entretuer dans les tribunes d’un stade de football, à l’instar du drame de samedi dernier», a-t-il écrit sur son compte Facebook.
De son côté , le jeune milieu de terrain du Deportivo La Corogne, Fayçal Fajr, a exprimé ses sentiments de compassions à l’égard des familles des victimes, avant d’espérer un prompt rétablissement aux blessés.
Notons enfin que ces actes de hooliganisme sont désormais monnaie courante au Maroc. Selon le site spécialisé «Sofoot.com», qui nous rappelle les récents incidents de ce genre, le pays subit depuis le début de la saison 2014-2015, une nouvelle vague de violences, à un rythme moyen mensuel d’un ou deux incidents. Les blessés s'accumulent (170 supporters et 100 policiers sur la période 2013-2015, selon le ministère de l'Intérieur), tout comme les centaines de voitures et de commerces détruits. Aucune ville n’est épargnée. En septembre 2014, les supporters de l’AS FAR ravagent un train, après un match contre le Raja. A Agadir, la venue de milliers de supporters du WAC a donné lieu, à deux reprises (mai et novembre 2015), à une guérilla urbaine de grande ampleur. En mars 2015, un quinquagénaire meurt, tombé au milieu de bagarres entre Rajaouis et fans de l’OCK à Khouribga. Le point commun de tous ces actes ? Des arrestations de mineurs non encadrés, 2787 selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, qui se déplacent par grappes, et vandalisent à tout va. Il faut dire que cela traduit surtout un malaise très profond entre des instances amorphes et une jeunesse difficile à canaliser.