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Intervenant lors d’une rencontre consacrée à la présentation de la politique nationale des médicaments par le ministre de la Santé, tenue mardi 26 juin à Casablanca, M. Bennani a expliqué que le département de tutelle doit intervenir d’urgence pour interdire la vente de médicaments sans ordonnance par les officines puisque cet acte fait perdre aux médecins l’opportunité d’un diagnostic et d’un traitement précoce des maladies.
Concernant les génériques, il a indiqué que les médecins sont prêts à discuter ce sujet mais à condition d’arrêter la commercialisation de ces médicaments tant qu’ils n’ont pas prouvé leur efficience. « Je ne dis pas que l’ensemble des génériques sont inefficaces mais certains le sont et on a des dossiers qui établissent ce constat. On estime que les génériques mis sur le marché doivent fournir des bioéquivalences», a-t-il précisé.
Des propos qui ont attisé les foudres des pharmaciens qui n’ont pas tardé à réagir avec véhémence. Pour eux, il n’est pas question de remettre en cause les compétences et la qualité de formation des pharmaciens. « On n’a pas de complexes vis-à-vis des médecins. Nous aussi on est bien formés et nos connaissances scientifiques en attestent», a lancé un pharmacien. « Je crois que les médecins doivent s’occuper de balayer devant eux avant de jeter la pierre aux pharmaciens car tout le monde sait que beaucoup de médicaments se vendent dans les cliniques et dans les cabinets médicaux. Le hic, c’est que nous, on paie des fortunes en impôts alors que nos confrères médecins se contentent de quelques déclarations au fisc», fustige un autre avant d’être coupé par son collègue : «Un pharmacien n’est pas là pour faire le malin. Il joue pleinement son rôle en conformité avec les réglementations en vigueur».
Pour eux, il est clair que leur métier est moribond et qu’il ne faut en rajouter. Ils souffrent de l’augmentation exponentielle du nombre de praticiens qui dépasse aujourd’hui les 12.000, de la stagnation du pouvoir d’achat des malades, de la faiblesse de la couverture médicale et de l’effritement sans précédent du monopole du pharmacien qui ne dispense presque plus de dispositifs médicaux, de produits dits onéreux, de médicaments vétérinaires, de vaccins, d’insulines, de produits de dermocosmétologie, etc. « Les pharmaciens étouffent et ont besoin d’un bol d’oxygène. Beaucoup d’entre nous ont mis les clés sous le paillasson faute de marges correctes. Aujourd’hui, nos chiffres d’affaires ne dépassent plus les 8.000 DH», ont-ils lancé à l’adresse du ministre.
Cette rencontre a été également pour les pharmaciens une occasion pour se décharger de la responsabilité de la hausse des prix des médicaments. « Il n’y a pas que les pharmaciens qu’il faut pointer du doigt. Les prix des prestations des médecins, des biologistes et des radiographies sont également chers et personne n’en parle. On n’est qu’un maillon de la chaîne qu’il faut revoir de fond en comble », insiste un pharmacien.
Un autre va plus loin. D’après lui, le prix des médicaments n’est pas cher au Maroc. Il y a plutôt des disparités au niveau des prix. « S’il y a cherté, c’est du côté du pouvoir d’achat qu’il faut voir et tant qu’il y a une baisse de ce pouvoir, les médicaments vont être considérés comme chers », a-t-il indiqué.
En poursuivant dans le même sens, un autre pharmacien a révélé que les prix n’ont pas bougé depuis 17 ans. Depuis la fameuse augmentation de 2% pour les médicaments les plus déficitaires ordonnée par l’ex-ministre de la Santé, feu Mohamed El Harrouchi.
Pour leur part, les industriels estiment que les propos de M. Bennani concernant les génériques sont infondés puisqu’aucun médicament générique n’est mis sur le marché sans qu’il ait satisfait tous les critères. D’après eux, ces propos nuisent gravement au développement de ce genre de médicaments au Maroc qui ne dépasse pas un taux de consommation de l’ordre de 27% alors que ce dernier avoisine les 80% sous d’autres cieux.
De son côté, EL Houssaine Louardi, ministre de la Santé, s’est contenté durant presque deux heures de débats de distribuer les sourires aux différents intervenants. L’arbitre du match médecins/pharmaciens a préféré jouer la prudence. Pas question de prendre le parti d’un camp ou de l’autre. Tout doit se faire dans l’entente et le consensus.
« Le ministère est là pour jouer le rôle de régulateur et de garant de l’équité et non de dresser un camp contre l’autre », a-t-il plaidé. Donc pas de politique du médicament révolutionnaire ni des mesures bouleversantes.
Le ministre s’est contenté de faire de la qualité, de l’accessibilité et de l’usage rationnel des médicaments une priorité. Et pour atteindre cet objectif, le ministère de la Santé mise, entre autres, sur l’amélioration du taux de pénétration du médicament générique et sur l’adoption de plus de transparence et de célérité dans les procédures d’enregistrement et d’octroi des autorisations de mise sur le marché des médicaments. Pas de quoi affoler les lobbies qui ont maintenant la certitude que leurs intérêts ne seront pas touchés.