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Martial Saugy : Le dopage génétique, un serpent de mer

Jeudi 14 Juillet 2016

Martial Saugy : Le dopage génétique, un serpent de mer
"Le dopage génétique, c'est un peu un serpent de mer, on en parle depuis longtemps mais il n'est pas si présent", estime Martial Saugy, qui a dirigé jusqu'au 1er juin le laboratoire antidopage de Lausanne.
M. Saugy, qui dirige désormais le REDS (Centre de recherche
et d'expertise en sciences
antidopage) lié à l'Université de Lausanne, salue les progrès des techniques qui permettent de
déceler des cas positifs non
détectables aux JO de 2008
et 2012, mais il souligne
que le principal danger réside dans le dopage "par microdoses d'un peu tout".

Vous avez travaillé au Laboratoire antidopage de Lausanne sur la recherche de l'EPO à la demande de l'Union cycliste internationale (UCI), puis sur les stéroïdes anabolisants pour la Fifa, sur quoi travaillez-vous maintenant? On parle de tests de dopage génétique qui seraient prêts pour les JO de Rio
"Le dopage génétique, c'est un peu un serpent de mer. On en parle depuis la création de l'Agence mondiale antidopage (AMA) en 1999. L'idée est d'essayer de retrouver des marqueurs de dopage génétique. Il y a un certain nombre d'avancées déjà. Ainsi, il existe une méthode concernant un dopage très particulier pour l'augmentation de la musculature. Mais il faut relativiser. La thérapie génique dans le domaine de la médecine peine à se faire une place au soleil (...) Ça ne veut pas dire que c'est compliqué de détecter une manipulation génétique mais c'est compliqué d'utiliser la manipulation génétique pour augmenter la performance car il est compliqué d'utiliser la manipulation génétique pour traiter par exemple des maladies des enfants. Donc le spectre du dopage génétique d'après moi, on en parle depuis longtemps mais il n'est pas si présent."
Donc il n'y aura pas de tests de dopage génétique à Rio même si on dit que des scientifiques australiens en ont mis au point?
"Il y aura peut-être des tests mais je ne suis pas certain de la pertinence de la démarche mais il faut bien les lancer à un certain moment."
Que peut-on craindre le plus en ce moment en termes de pratique de dopage ?
"La grosse difficulté actuellement, ce sont les microdoses d'un peu tout. Ça peut paraître bizarre mais la testostérone utilisée par Floyd Landis (vainqueur du Tour de France 2006, à qui le titre a ensuite été retiré pour dopage à la testostérone, ndlr) est toujours très présente. Lui avait fait une erreur d'utilisation, sans cette erreur on n'aurait peut-être rien vu."
Détecter le microdosage est-il plus compliqué ?
"Absolument mais le passeport biologique aide énormément. Il est surtout utile pour le ciblage des athlètes. C'est une de mes thèses principales: il faut travailler sur le bon échantillon du bon athlète qui a été prélevé au bon moment. Quand il s'agit de sang, on maîtrise assez bien mais on voit qu'avec les urines on peut encore les manipuler. Le système actuel fait que ce n'est pas la fédération qui teste les sportifs, mais elle mandate des intermédiaires dont beaucoup sont basés sur des logiques commerciales. Dans la chaîne antidopage, les laboratoires sont très surveillés. Mais le système d'accréditation et de surveillance des laboratoires a été mené jusqu'au maximum. La preuve l'AMA ose retirer cette accréditation. On était tous dans l'attente de voir quand l'AMA aurait le courage de frapper et de suspendre les accréditations de certains laboratoires (dont Pékin et dernièrement Rio, ndlr). Toute l'amélioration va se faire maintenant sur une bonne organisation des contrôles."
On parvient en 2016 à détecter des cas positifs aux JO de Pékin-2008 et Londres-2012, après réanalyses des échantillons. Quelles sont les techniques qui permettent de détecter ces nouveaux cas et découvre-t-on également de nouveaux produits ?
"L'essentiel de l'amélioration dans les techniques, c'est l'immense augmentation de la sensibilité des technologies qu'on utilise. Cela veut dire que la fenêtre de détection qui était de six jours sur la prise d'un produit est maintenant de 20 à 30 jours. Il y a une élimination du produit qui est plus lente. La différence fondamentale pour 95% des cas c'est l'augmentation d'un facteur 1000 de la sensibilité des techniques qu'on utilise, sur un ensemble de produits qui sont plutôt du côté des stéroïdes anabolisants. Il y a aussi une amélioration sur la recherche de l'EPO pour lequel il y a eu un changement de technique assez fondamental. Il y a aussi des améliorations sur certains peptides, mais Pékin, ce n'était pas vraiment les jeux des peptides. C'est donc essentiellement une amélioration technologique, une recherche d'autres marqueurs de la prise des mêmes produits."

Propos recueillis par Eric Bernaudeau (AFP)

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