Manifestations de soutien en France : Cinq ans de prison ferme pour les ouvriers de la SMESI


Chouaib Sahnoune
Jeudi 10 Juin 2010

Manifestations de soutien en France : Cinq ans de prison ferme pour les ouvriers de la SMESI
A trois heures du matin du mardi, le jugement du tribunal de 1ère instance de Khouribga est tombé comme un couperet sur les têtes  des quinze détenus,  dont treize sont des ouvriers de la SMESI (Société marocaine d’études spéciales et industrielles).  Ils ont été condamnés à quatre mois de prison ferme et à une amende de 500 DH chacun, soit cinq ans de prison au total et 7500 DH.
Selon la défense des détenus, « ce procès a été marqué par l’absence de conditions équitables pour le jugement des ouvriers de la SMESI et des deux autres personnes ». Il est à noter que la séance consacrée au prononcé du verdict a duré du lundi 7 juin, à une heure de l’après- midi, jusqu’au mardi 8 juin 2010 à trois  heures du matin.
«  La présidence de la séance a rejeté toutes les requêtes et défenses formelles présentées par l’instance de la défense qui était composée de plus de trente avocats, bien que les documents présentés comme chefs d’accusation soient contradictoires ou falsifiés, comme la décision de l’interdiction du sit-in, qui date du 20 avril 2010, tandis que l’autorisation du sit-in comporte le 21 avril. »  La défense a indiqué également que la présidence a refusé de convoquer les témoins à décharge et d’ordonner une expertise médicale des détenus, vu qu’ils ont été sauvagement torturés, voire affamés durant les deux jours du 22 et 23 avril, par des éléments de la gendarmerie Royale, lors du garde à vue. Certains détenus présentent encore des traces apparentes des tortures. La défense a demandé, lors de sa plaidoirie, de rejeter les procès-verbaux falsifiés qui ont été établis dans des circonstances que tout le monde connaît. Tous les détenus ont nié les accusations retenues  contre eux et  affirmé que les procès-verbaux étaient falsifiés et qu’on les a obligés par la force à y mettre leurs empreintes digitales, alors que la plupart d’entre eux ont des diplômes universitaires.           
Une telle situation pourrait mettre de l’eau au moulin de tous ceux qui ne veulent pas que du bien au Maroc et qui, au prétexte de défendre la cause des ouvriers de la SMESI qui est somme toute noble, pourraient attenter notamment à notre unanimité nationale concernant la question de notre intégrité territoriale.
Il en sera ainsi lors de la réunion publique qui sera organisée ce soir à 18 heures 30 à la Bourse du travail de Paris par le «Réseau Maghreb-Solidarité» qui regroupe plusieurs organisations associatives, syndicales et politiques dans l’objectif de populariser les luttes ouvrières menées au Maghreb, de les soutenir et d’organiser des mobilisations communes de part et d'autre de la Méditerranée. Ce soir, l’OCP sera ainsi épinglé et la question de notre intégrité territoriale écornée à travers le site de PhosBoucraâ et les manifestations des étudiants issus de nos provinces du Sud. L’évocation de ce qui se passe à l’OCP mardi devant le Parlement par la ministre de l’Energie et des Mines n’a pas donné une réponse satisfaisante aux questions sociales concernant cet Office.  Et particulièrement celle touchant à la SMESI, filiale intégrée aux structures internes du groupe qui développe, depuis sa création en 1959, ses activités d'engineering et de montage et que l’OCP se dit doté de grands moyens techniques modernes et humains pour répondre aux besoins de ses clients. Quoi qu’il en soit, c’est le licenciement de plus de 800 de ses travailleurs dont la filiale voulait précariser le travail suite à la création par eux d’un bureau syndical qui a fait déraper les choses.
Déjà la Confédération nationale du travail qui regroupe quelque 5000 adhérents français est montée au créneau en classant la question comme l’une de ses principaux motifs de lutte à l’échelle internationale. Elle a même initié une campagne de collecte de dons. L'argent récolté sera remis en main propre  en juillet à ses destinataires puisqu’une délégation de la CNT se rendra à cet effet à Khouribga pour rencontrer les mineurs en lutte.
 Cet argent servira à fournir une aide matérielle aux détenus et plus généralement aux mineurs (et à leurs familles) privés de salaire depuis leur licenciement en juillet dernier, soit quasiment un an. Il servira aussi à contribuer à payer les frais d'avocats.


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