"On est dans la rue à la recherche de nos bureaux de vote", ironisait un des manifestants, Djogel Poloute.
En raison des reports successifs du second tour de la présidentielle, l'opposition d'alors dénonçant des fraudes massives au profit du PHTK, Michel Martelly a achevé son mandat le 7 février sans remettre le pouvoir à un successeur élu.
Un accord de sortie de crise, signé entre le pouvoir exécutif et le Parlement, a permis l'élection de Jocelerme Privert, à l'époque président du Sénat, au poste de président provisoire pour un mandat de trois mois. Cet accord indiquait également que les élections laissées en suspens seraient organisées le 24 avril.
Mais cette échéance n'a pas pu être respectée car l'installation du nouveau gouvernement et du conseil électoral provisoire, institution en charge de l'organisation des scrutins, n'a été réalisée qu'il y a trois semaines. Ce n'est que mercredi que le président provisoire a officiellement reconnu que le vote ne pourrait se tenir le 24 avril.
"Le conseil électoral estime qu'il pourra publier un calendrier électoral entre le 15 et le 31 mai", a indiqué mercredi Jocelerme Privert. Cette déclaration a exacerbé la colère des détracteurs du pouvoir de transition, qui accusent le président provisoire de vouloir rester en poste au-delà de son mandat de trois mois.
Beaucoup des manifestants du PHTK ont défilé dans les rues de la capitale en arborant un t-shirt portant pour slogan : "Notre arme c'est notre carte électorale". "On revendique nos droits, uniquement cela. Le peuple doit avancer et, pour cela on doit avoir des élections", soulignait l'un d'eux, Johnny Samedi.
Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis que le processus électoral a été suspendu en janvier, en raison des accusations de l'opposition dénonçant un "coup d'Etat électoral" fomenté par Michel Martelly, l'ancien président.
Au premier tour du scrutin présidentiel, le 25 octobre, le candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, avait recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% pour Jude Célestin, qui a qualifié ces scores de "farce ridicule".
Ces tensions au sein de la classe politique découragent la participation citoyenne alors qu'un tiers des Haïtiens fait aujourd'hui face à l'insécurité alimentaire. Au premier tour de la présidentielle, moins d'un quart des électeurs avaient voté.