Mandats d’arrêt contre près de 190 suspects du putsch en Turquie

L'ONU demande la levée de l'état d'urgence avant les élections


Vendredi 11 Mai 2018

La justice turque a émis, jeudi, des mandats d’arrêt contre près de 190 personnes pour liens présumés avec l’organisation de Fethullah Gülen (FETÖ), accusée d’avoir fomenté le putsch avorté de juillet 2016.
Sur ce nombre, le parquet d’Izmir (Ouest) a délivré 96 mandats d’arrêt dont 91 contre des militaires des forces aériennes déjà suspendus alors que le parquet de la capitale Ankara a émis des mandats similaires à l’encontre de 93 anciens employés d’un établissement scolaire affilié à FETÖ et fermé après la tentative de coup d’Etat avorté.
Depuis la proclamation de l’état d’urgence, au lendemain du putsch et prorogé depuis pour des périodes de trois mois chacune, plus de 50.000 personnes ont été arrêtées, plus de 105.000 fonctionnaires révoqués et près de 5.000 institutions fermées pour des liens présumés avec FETÖ en vertu de décrets-lois pris dans le cadre de l’état d’urgence.
Mercredi un procureur turc a réclamé plusieurs centaines de peines de prison à vie contre des meneurs présumés de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016, ont rapporté les médias turcs.
Un procureur d'Ankara a réclamé 252 peines de prison à vie chacun contre plusieurs membres du "Conseil pour la paix dans le pays", le nom que s'était donné le groupe de leaders factieux, selon l'agence de presse étatique Anadolu.
Anadolu ne précise pas combien de personnes sont visées par la demande du procureur, mais parmi elles, figurent notamment Akin Oztürk, un ex-chef de l'armée de l'air, Mehmet Disli, le frère d'un poids lourd du parti AKP au pouvoir, et Ali Yazici, un ancien aide de camp militaire du président Recep Tayyip Erdogan.
Au total, 224 personnes sont poursuivies dans le cadre de ce procès qui occupe une place centrale dans les centaines de procédures judiciaires ouvertes après le coup d'Etat avorté.
Par ailleurs, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a demandé mercredi à la Turquie de lever "immédiatement" l'état d'urgence afin de garantir la crédibilité des élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin.
"Il est difficile d'imaginer comment des élections crédibles peuvent être organisées dans un environnement où les opinions dissidentes et les contestations du parti au pouvoir sont si sévèrement pénalisées", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein, cité dans un communiqué.
L'état d'urgence a été instauré en juillet 2016, quelques jours après une tentative de putsch menée par des militaires factieux, et a été sans cesse renouvelé depuis.
Le haut représentant onusien a dénoncé les restrictions prolongées des droits de l'Homme à la liberté d'expression, de réunion et d'association.
Aussi, il a appelé "le gouvernement turc à lever immédiatement l'état d'urgence pour permettre à tous ses citoyens de participer pleinement et sur un pied d'égalité à la conduite des affaires publiques et d'exercer leur droit de vote et d'éligibilité sans restrictions injustifiées".
M. Erdogan reste l'homme politique le plus populaire en Turquie, mais ses 15 années de pouvoir ont profondément divisé le pays entre ceux qui l'adulent et ceux qui le haïssent.
Alors que la quasi totalité des médias sont acquis au gouvernement, les détracteurs et opposants se tournent volontiers vers les réseaux sociaux pour faire passer leurs messages, même si ceux-ci sont étroitement surveillés.
Dimanche, M. Ince avait dénoncé un "embargo médiatique" contre sa campagne après qu'aucune des principales chaînes de télévision n'eut diffusé son premier meeting, alors que la moindre allocution de M. Erdogan est retransmise dans sa totalité.
Dans le cadre de l'état d'urgence en Turquie, des purges sans précédent ont été menées, au cours desquelles plus de 50.000 personnes ont été arrêtées, et plus de 140.000 limogées ou suspendues. Outre les putschistes présumés, ces purges ont été étendues aux milieux pro-kurdes et d'opposition, visant des juges, des enseignants ou des journalistes.
Ces vastes purges ont suscité l'inquiétude d'ONG et de pays occidentaux qui dénoncent des atteintes aux droits de l'Homme et accusent le gouvernement de profiter de l'état d'urgence en vigueur pour réprimer ses opposants. Mais les dirigeants turcs affirment que des mesures d'exception sont nécessaires pour éliminer le "virus" factieux.


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