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La question est explosive car, à supposer qu'Avery soit innocent, il a forcément été l'objet d'une machination ourdie par la police ou le procureur, vu les preuves apparemment accablantes qui l'incriminent. Une hypothèse qui porterait un coup terrible à la crédibilité du système pénal des Etats-Unis. Si "Making a Murderer" -- qui peut se traduire par "La fabrication d'un meurtrier" -- est à la fois passionnant et perturbant, c'est qu'il allie l'implacable véracité d'un documentaire aux suspense et rebondissements d'une série. A cela s'ajoute le fait que le destin de Steven Avery est proprement stupéfiant, avant même l'assassinat de Mlle Halbach.
Le petit homme, à l'obstination aussi désarmante que son sourire, a grandi dans le comté de Manitowoc, dans l'Etat septentrional du Wisconsin, une de ces régions de l'Amérique peu tolérantes envers les gens qui marchent en dehors des clous. Or, justement, les membres du "clan" Avery sont les vilains petits canards de cette zone côtière du lac Michigan: mal élevés, sales, ils vivent regroupés autour d'une casse automobile, dont les revenus leur permettent de ne pas basculer complètement dans la délinquance.
Le jour où une mère de famille de la bonne société se fait violemment agresser en faisant son jogging sur la plage, les hommes du shérif se tournent naturellement vers les Avery. Ils parviennent à persuader la victime que Steven, marginal déjà père de quatre enfants, est l'auteur du viol. L'accusé fait 18 ans de prison, avant d'être totalement blanchi en 2003 par une analyse ADN irréfutable. Le scandale est d'autant plus retentissant que l'enquête contre Avery, exclusivement à charge, a permis au réel violeur de perpétrer d'autres crimes.
Le second coup de théâtre intervient quelques mois après, tandis que Steven Avery exige réparation pour sa réclusion injustifiée, dans une procédure mettant directement en cause les services du shérif et du procureur de Manitowoc. A ce moment précis est localisée, sur le terrain de la casse Avery, la voiture de Teresa Halbach, portée disparue depuis qu'elle y est venue photographier un véhicule mis en vente.
Après plusieurs jours de fouilles, la clé de sa voiture est retrouvée dans la caravane de Steven Avery puis, encore plus tard, les ossements carbonisés de la victime sont identifiés à proximité. Enfin, un neveu de Steven, retardé mental, livre aux policiers un témoignage accablant pour son oncle. A l'issue d'un procès organisé dans une tension indescriptible, Steven Avery est condamné à la prison à perpétuité.
Toutes les convictions se fissurent toutefois au fil des dix épisodes de "Making a Murderer", sur lequel les deux réalisatrices, Laura Ricciardi et Moira Demos, ont travaillé plus de dix ans. Leurs centaines d'heures de tournage montrent les protagonistes vieillir progressivement. Elles affirment ne pas avoir voulu prouver à tout prix l'innocence d'Avery, mais plonger dans le système pénal américain, pour en souligner les failles.