
-
La stratégie adaptée par le Maroc dans sa lutte anti-terroriste met à mal les visées obscurantistes : Vigilance modèle
-
Boualem Sansal en grève de la faim
-
SM le Roi félicite M. Mahmoud Ali Youssouf suite à son élection Président de la Commission de l’UA
-
SM le Roi félicite le Serviteur des Lieux Saints de l'Islam et le Prince Héritier d'Arabie Saoudite à l’occasion du Jour de la Fondation
-
SM le Roi félicite le Roi de Norvège à l'occasion de son anniversaire
« Ce que beaucoup doivent savoir, c'est que la présence de l'USFP dans l'IS, en plus de son appartenance à cette famille politique et idéologique, s'est faite à la demande des Palestiniens eux-mêmes. L'USFP a été le parti dont les locaux en Europe, notamment en France, ont accueilli les premières représentations de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en Occident, à l'époque de feu Mahmoud Hamchari (le représentant de l’OLP en France). Le récit israélien a dominé cette organisation pour de nombreuses raisons politiques et historiques qu’il n’est pas opportun d’aborder ici », a-t-il expliqué dans cet entretien avant d’ajouter: «Cela a conduit l’USFP à défendre deux causes au sein de l’IS : sa première cause nationale, le Sahara, et sa deuxième cause nationale, la Palestine».
S’agissant de la participation de la délégation israélienne au congrès de l’IS à Rabat, Machij El Karkri a expliqué: «La participation de la délégation israélienne s’inscrit dans le cadre de la nature de l’IS, qui est une organisation mondiale regroupant des partis socialistes et sociaux-démocrates de différents pays, y compris le parti israélien Meretz, qui en est membre. Selon les critères organisationnels de l’IS, tous les partis affiliés ont le droit de participer aux conférences et réunions, indépendamment de leurs positions politiques. La présence de la délégation israélienne ne constitue donc pas une exception, mais relève des traditions suivies au sein de cette organisation internationale».
Et le membre du Bureau politique de l’USFP de préciser que les délégations palestiniennes ont été fortement présentes et ont eu des rencontres avec la direction de l'USFP avant et pendant le congrès. Cela a permis de faire entendre la voix de la Palestine, et les positions de l’IS ont été sans précédent, notamment après les déclarations très avancées de son président, Pedro Sánchez».
D’autre part, il ne faut en aucun cas lier cette participation à la position officielle du Maroc. Le congrès se tient dans le cadre d’une organisation internationale indépendante et non sur la base d’une décision souveraine marocaine. Ainsi, accueillir la conférence à Rabat ne signifie en aucun cas adopter les positions ou les choix des parties participantes.
Quant aux positions politiques du parti hôte, l’USFP, ce dernier a toujours maintenu une position claire et constante en faveur des droits du peuple palestinien. C’est ce qu’a réaffirmé le Premier secrétaire du parti, Driss Lachguar, lors du congrès, en appelant à la protection des Palestiniens contre l’agression israélienne et à la garantie de leurs droits légitimes, tout en insistant sur la solution à deux Etats comme option juste et durable pour mettre fin au conflit.
De plus, la présence israélienne n’a eu aucun impact sur la nature ou le contenu des décisions prises lors du congrès, qui étaient majoritairement en faveur de la cause palestinienne, soulignant également que les Palestiniens étaient représentés par trois délégations lors de ce congrès, ce qui a renforcé leur position dans les débats et contribué à l’adoption de résolutions confirmant la justesse de leur cause.
Interrogé sur la gauche et la cause palestinienne, Machij El Karkri a assuré que la gauche arabe a certes perdu une partie de son éclat au cours des dernières décennies, mais pas totalement. Selon lui, « ce recul est relatif et dépend de certains contextes. Il est lié à plusieurs facteurs, notamment les transformations géopolitiques, la montée des courants conservateurs et le déclin des discours idéologiques traditionnels au profit d'un pragmatisme politique et économique imposé par la mondialisation et la réalité régionale et internationale. Cependant, cela ne signifie pas que le projet de la gauche est terminé ou qu'il a perdu son essence. Les sociétés arabes ont encore besoin d’une gauche qui porte les valeurs de justice sociale, de démocratie et de droits de l’Homme, en particulier face aux inégalités sociales et à l’autoritarisme politique dont souffrent certains pays ».
Par ailleurs, Machij El Karkri a reconnu qu’il existe des critiques légitimes à l’encontre de certaines forces de gauche, notamment dans certains pays ayant modifié leurs relations extérieures. Néanmoins, une grande partie de la gauche arabe reste fidèle à ses positions fondamentales en faveur des droits du peuple palestinien. Cela prouve que, malgré tous les revers, la gauche conserve un projet libérateur et humaniste dont le monde arabe a plus que jamais besoin.
S’agissant des relations actuelles entre l’Espagne et le Maroc, Machij El Karkri a affirmé que l’accession de Pedro Sánchez à la tête du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en 2014 est intervenue après une période difficile pour le parti, marquée par l’organisation d’élections anticipées à l’initiative de José Luis Zapatero. Le PSOE avait alors obtenu les pires résultats électoraux de son histoire, ouvrant la voie au retour de l’ancienne garde à la direction du PSOE.
Selon son analyse, Pedro Sánchez a dû faire face à deux obstacles majeurs : le premier, interne, consiste à son engagement à transformer en profondeur les structures de son parti et à renouveler l’ensemble des élites partisanes à l’échelle nationale, régionale et locale. Le second est la fin de la bipolarité politique entre le PSOE et le Parti populaire (PP), avec l’émergence de nouvelles forces politiques, aussi bien à gauche qu’à droite, comme Podemos, Ciudadanos et, bien entendu, le parti d’extrême droite, Vox.
La fin du bipartisme, ainsi que la radicalisation des partis régionaux, notamment en Catalogne avec leur volonté d’organiser un référendum unilatéral, ont déstabilisé le paysage politique espagnol.
Et le membre du Bureau politique de poursuivre son analyse : « La situation politique à laquelle Sánchez a été confronté est sans précédent dans l’histoire récente de l’Espagne. Malgré cela, il a réussi à tenir bon et à conclure des alliances à la manière grecque : difficiles, quasi impossibles, mais pourtant existantes et durables ».
En ce qui concerne la question du Sahara marocain, Machij El Karkri a soutenu que « les positions de certains de ses hommes politiques s’inscrivent dans ce que l’on appelle en Espagne la "dette historique" (la deuda histórica), en référence à leur départ de Cuba en 1898, puis leur retrait du Sahara marocain en 1975 ».
Selon lui, les grandes mutations géopolitiques, comme la guerre russo-ukrainienne, les développements au Moyen-Orient et le retour en force de la question palestinienne, ainsi que le besoin de l’Espagne d’un partenaire solide en Afrique et son ambition d’un rôle international plus important, amènent la plupart des acteurs politiques et économiques espagnols à aspirer à des relations normales et profondes avec le Maroc.
«Cette volonté s’est concrétisée dans la candidature conjointe pour l’organisation de la Coupe du monde», a-t-il précisé.
Mourad TABET