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Pour lui, le contenu est plus important que la forme. La charge de critique sociale et psychanalytique qu’il imprime à l’œuvre lui valut la critique des esthètes et des médiateurs culturels.
Artiste hypersensible, Lyamani peint nos quotidiens vécus de manière nouvelle et originale. Ses formes décharnées et pointues, aux couleurs acides, sont caractéristiques, dans ses œuvres narratives.
Sa recherche du lointain et du sublime se concentre plus sur la concrétion du primordial que sur les attitudes, façonnant son sentiment tragique de la nature et son inspiration de caractère psychologique et instinctif, éléments qui ont fait de lui un des peintres expressionnistes par excellence. Après un passionnant parcours, il commence à peindre des tableaux à thème spirituel, dans lesquels il exprime son inspiration mystique. Son style est soigneusement élaboré, signes et symboles, coloris arbitraires, obsession pour la vie et la mort, êtres inquiétants qui s’évadent d’une masse de couleurs, comme on l’observe dans ses tableaux récents. Sa poétique se définit comme un expressionnisme à la fois formel et lyrique dans lequel l'échappatoire tend non pas vers le monde sauvage mais vers la spiritualité de la nature et du monde intérieur. A l’exemple de Kandinsky, la peinture doit s'étendre de la pesante réalité matérielle jusqu'à l'abstraction de la vision pure, avec la couleur comme moyen, d'où le développement d'une théorie complexe de la couleur.
La peinture pure de Lyamani est une réalité séparée, un monde en soi, une nouvelle forme d'être, qui agit sur le spectateur à travers la vue et qui provoque en lui de profondes expériences spirituelles. Cette peinture se mêle aux forces de la réalité et agit comme milieu afin que les créations spontanées soient acceptées de la même manière que l'on accepte les phénomènes naturels : « L'art pictural perd sa fonction de moyen privilégié de reproduction de la réalité objective ce qui renforce sa composante subjective et lui permet progressivement de s'affranchir des normes. Mon approche artistique se présente comme un champ de débordement où se mêlent connotation et dénotation, rêveries, narration autobiographique … un univers onirique qui transcende notre réalité effective. La conscience visuelle en tant que leitmotiv est née d’une idée de soi très profonde. Le temps, l’identité, la femme, l’Autre et la relation au monde sont des données fondamentales dans mon langage pictural symboliste. Le principe de l’automatisme psychique qui soutient ma démarche plastique est l'autoréférentialité de l'œuvre. Manifeste subjectif, le tableau ne réfère plus qu'à lui-même. C'est en quelque sorte la spécificité du médium. J’essaie de libérer la peinture des contraintes du réalisme anecdotique. Le médium pouvait donc prendre une orientation moins définie, plus abstraite, qui se rapproche davantage de la musique. Je cherche à reproduire rythme et harmonie. », confie-t-il à Libé.
À la différence des artistes abstraits, Lyamani est convaincu que l'art peut capter le sens créatif de la nature et c'est pour cela qu'il rejette l'abstraction absolue. Concrètement, il se laisse influencer au début par la figuration expressive. En même temps, il travaille dans le sillage des artistes qui ont su pénétrer dans les domaines de l'inconscient sous l’influence de Freud et Jung. Sa peinture personnalisée relève du réalisme expressionniste, mouvement dans lequel les artistes se séparent de l'abstraction, réfléchissant sur l'art figuratif et rejetant toute activité qui ne s'occupe pas des problèmes de l'urgente réalité, ses paradoxes et ses crises conjoncturelles.
Le vernissage de cette exposition aura lieu le vendredi 5 juin courant.