Lutte contre la criminalité : Le ministre de l’intérieur dévoile son plan


M’Hamed Hamrouch
Vendredi 18 Juin 2010

L’exercice n’était à l’évidence pas de tout repos, d’autant moins que les questions posées  mercredi après-midi par les députés au ministre de l’Intérieur ont porté sur de nombreux sujets à préoccupation. Poussée des agressions dans les villes, trafic de drogue, fraude sur les prix et, last but not least, cet état plus que pitoyable où seraient les vieux cimetières devenus un repaire privilégié pour des criminels de tout acabit. C’est en quelque sorte cette fameuse boîte de Pandore d’où on ne sort souvent pas indemne. Et pourtant, le ministre Taïeb Cherkaoui a bien su négocier ces virages sinueux. Ce mercredi, aucun cas n’a échappé à cet ancien magistrat, y compris celui des morts. Interpellé sur l’état piteux des vieux cimetières fermés depuis cinquante ans et reconvertis en refuge pour les clochards, le ministre Cherkaoui a démontré tout l’intérêt que son département porte à cette question. « Le ministère de l’Intérieur organise, en collaboration avec celui des Habous et des Affaires islamiques, une journée d’étude le 23 de ce même mois de juin 2010 en vue d’établir un plan de mise à niveau de nos cimetières », annonce le ministre Cherkaoui, en réponse à la question d’un député du Rassemblement constitutionnel unifié. Au-delà de l’effet d’annonce, le responsable gouvernemental a affirmé que son département avait créé une sorte de police des cimetières pour assurer tout le respect dû aux morts et empêcher que ces endroits ne soient profanés ou transformés en refuge pour des criminels de toutes sortes.

Maintenant, qu’en serait-il des vivants ?

Le danger terroriste est en tête de liste des préoccupations. Qu’à cela ne tienne, les vigiles veillent. Plus encore, le Maroc passe pour être un très bon élève en matière de lutte anti-terroriste, comme l’a si bien affirmé le ministre chargé des Relations avec le Parlement, présent à la séance des questions orales de mercredi dernier. « Le Maroc peut s’estimer fier d’avoir été l’un des premiers pays à avoir légiféré sur cette question », a fait valoir Driss Lachgar, en référence à la loi anti-terroriste adoptée par le Royaume au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003.
Et ce n’est pas tout. « Le ministère de l’Intérieur veille à lutter contre le crime sous toutes ses formes, et en parfaite coordination avec les différents services concernés en vue de garantir la sécurité des citoyens et de leurs biens », a rassuré le ministre Cherkaoui. Il est vrai que le taux de criminalité a connu une hausse de 3,4 %, la lutte anti-criminalité ayant permis d’enregistrer quelque 473.000 cas en 2009, contre 457.000 en 2008. Il n’en demeure pas moins qu’une baisse de criminalité assez conséquente a été enregistrée dans les grandes villes, a relevé le ministre de tutelle, citant à titre d’exemple la mégalopole de Casablanca. « La situation sécuritaire dans la ville de Casablanca demeure normale, du moins durant les 3 premiers mois de l’année en cours, en comparaison avec 2009, et ce, grâce à l’intérêt particulier accordé à cette ville, aussi bien par le renforcement des ressources humaines et financières des services de Sûreté, qu’au niveau du déploiement de 5 escadrons de la brigade légère d’intervention rapide (BLIR), comprenant 3.000 éléments », a expliqué le ministre, qui fait état d’une baisse sensible de 7,52 % du taux de criminalité au niveau de cette métropole. Il en va de même des préfectures Agadir-Ida Outanane et Inzegane-Aït Melloul. A cet égard, le ministre a assuré que la situation est maîtrisée, avec l’enregistrement de 7.220 cas en 2009 à Agadir, contre 5.081 en 2008, et 3.707 cas en 2009 à Inzegane-Aït Melloul, contre 4.130 en 2008. Sur le pourquoi de cette concentration d’efforts sur ces grandes villes, le ministre a affirmé que la stratégie de son département est fondée sur la réalisation d’études analytiques pour déterminer les zones qui enregistrent un taux de criminalité élevé, s’enquérir des méthodes et procédés adoptés par les criminels et connaître les causes directes de ce fléau. Cette stratégie, ajoute le ministre, est également basée sur l’intensification de la couverture sécuritaire, à travers la création de nouvelles unités administratives et sécuritaires, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan quinquennal visant le renforcement des compétences administratives, territoriales et des services de sécurité, qui institue le Caïdat et l’annexe administrative comme noyau de l’administration de proximité. A ce sujet, il est procédé au renforcement des réseaux de Caïdat et des annexes administratives à raison de 66 nouvelles unités par an.  
Et ce n’est pas fini. Au cœur de cette même stratégie, figurent la modernisation et le développement des procédures de travail des services de sécurité, par l’intégration de nouvelles technologies, dont la vidéosurveillance et l’adoption de nouvelles techniques, en plus de la formation des agents et cadres de la police judiciaire. Concernant le déficit enregistré au niveau des services de sécurité dans les petites villes, évoqué par un député du Parti authenticité et modernité (PAM), le ministre a affirmé que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) aspire à créer 89 commissariats, dotés des ressources humaines et financières nécessaires à l’horizon 2017.  
S’agissant de la lutte anti-drogue, là encore, les résultats sont probants. Et ce ne sont pas les rapports des Nations unies et autres organismes internationaux en charge de la question qui vont contredire ce constat. Le Maroc mène, durant ces dernières années, une lutte inlassable et sans merci non seulement contre la culture du cannabis, dont la superficie a été réduite substantiellement, mais aussi contre la consommation de cette drogue et toutes sortes de produits hallucinogènes. 
La fraude sur les prix, autre préoccupation citoyenne, a été également soulevée par les députés. Sur ce point, le ministre de l’Intérieur annonce l’élaboration d’un plan d’orientation en coordination avec le ministère du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles technologies pour faire face à ce genre de pratiques répréhensibles. 


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