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“Lula", ouvrier métallurgiste devenu le président le plus populaire de l'Histoire du Brésil et icône de la gauche latino-américaine, risque de voir son fabuleux destin se terminer par la case prison. Enfant, Luiz Inacio Lula da Silva a connu la faim. Il lui arrivait de cirer des chaussures pour ramener un peu d'argent à la maison.
Arrivé au sommet d'un État marqué par des inégalités béantes, celui qui incarnait un Brésil conquérant et ouvert sur le monde a été rattrapé par les affaires de corruption. Visé au total par cinq procédures en justice, ce redoutable tribun de 71 ans n'a pourtant pas dit son dernier mot et va faire appel de sa condamnation à près de dix ans de prison. En tête des intentions de vote à l'élection présidentielle de 2018, il rêve toujours d'un retour au pouvoir, même s'il suscite aussi un niveau de rejet élevé dans l'opinion. Sous la présidence de cet homme charismatique à la voix rauque et à l'éternelle barbe, 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère pour grossir les rangs de la classe moyenne, de 2003 à 2010. Au terme de son second mandat en janvier 2010, son taux de popularité de 80% avait permis l'élection de sa dauphine Dilma Rousseff, ex-guérillera torturée sous la dictature militaire.
Premier chef de l'Etat brésilien issu de la classe ouvrière, il a mis en oeuvre d'ambitieux programmes sociaux, en bénéficiant des années de croissance. Cette success-story lui a conféré une stature internationale de premier plan, lui permettant de décrocher l'organisation des deux plus grands événements sportifs planétaires: le Mondial de football en 2014, et les jeux Olympiques, qui ont eu lieu en août 2016 à Rio de Janeiro (sud-est). Le président américain Barack Obama était lui aussi tombé sur le charme de Lula, le qualifiant de "el hombre" ("l'homme"). Rien ne prédisposait à un tel destin ce cadet d'une fratrie de huit enfants, né le 6 octobre 1945 dans une famille d'agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est). Lula a sept ans lorsque sa famille émigre à Sao Paulo pour échapper à la misère. "J'ai connu la faim, et quand on a connu la faim, on ne renonce jamais", a-t-il récemment rappelé. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perd l'auriculaire gauche dans un accident du travail. A 21 ans, il entre au syndicat des métallurgistes et en devient le président en 1975.
Il conduit les grandes grèves de la fin des années 1970, en pleine dictature militaire (1964-1985).
Fondateur du Parti des Travailleurs (PT) au début des années 80, Lula se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1989 et échoue de peu. Après deux nouveaux échecs, en 1994 et 1998, la quatrième tentative sera la bonne, en octobre 2002. Il est réélu en 2006. Idéaliste mais pragmatique, il est passé maître dans l'art de tisser des alliances parfois contre-nature ou de se débarrasser d'amis devenus gênants. En 2005, il a décapité toute la direction PT, impliquée dans un scandale d'achat de votes. En octobre 2011, il a souffert d'un cancer du larynx après son départ du pouvoir et dont il s'est rétabli. Sa tentative de retour aux affaires en tant que ministre de Dilma Rousseff en mars 2016 avait été un échec qu'il avait mal vécu, tout comme la destitution de sa dauphine pour maquillage des comptes publics en août de la même année.
Mais, toujours combatif, Lula avait l'an dernier déclaré aux juges voulant l'amener pour un interrogatoire forcé en forme d'humiliation, devant les caméras de télévision, "le serpent est vivant". "Lula est innocent et le peuple brésilien viendra à sa rescousse par la voie démocratique en 2018. Nous allons résister", a réagi Dilma Rousseff après l'annonce de la condamnation de son mentor. En février, Lula a dû affronter une autre épreuve avec la mort de son épouse, Marisa Leticia Rocco, son premier soutien durant 40 ans de lutte, qui ne sera pas avec lui alors qu'il risque la disgrâce.
Arrivé au sommet d'un État marqué par des inégalités béantes, celui qui incarnait un Brésil conquérant et ouvert sur le monde a été rattrapé par les affaires de corruption. Visé au total par cinq procédures en justice, ce redoutable tribun de 71 ans n'a pourtant pas dit son dernier mot et va faire appel de sa condamnation à près de dix ans de prison. En tête des intentions de vote à l'élection présidentielle de 2018, il rêve toujours d'un retour au pouvoir, même s'il suscite aussi un niveau de rejet élevé dans l'opinion. Sous la présidence de cet homme charismatique à la voix rauque et à l'éternelle barbe, 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère pour grossir les rangs de la classe moyenne, de 2003 à 2010. Au terme de son second mandat en janvier 2010, son taux de popularité de 80% avait permis l'élection de sa dauphine Dilma Rousseff, ex-guérillera torturée sous la dictature militaire.
Premier chef de l'Etat brésilien issu de la classe ouvrière, il a mis en oeuvre d'ambitieux programmes sociaux, en bénéficiant des années de croissance. Cette success-story lui a conféré une stature internationale de premier plan, lui permettant de décrocher l'organisation des deux plus grands événements sportifs planétaires: le Mondial de football en 2014, et les jeux Olympiques, qui ont eu lieu en août 2016 à Rio de Janeiro (sud-est). Le président américain Barack Obama était lui aussi tombé sur le charme de Lula, le qualifiant de "el hombre" ("l'homme"). Rien ne prédisposait à un tel destin ce cadet d'une fratrie de huit enfants, né le 6 octobre 1945 dans une famille d'agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est). Lula a sept ans lorsque sa famille émigre à Sao Paulo pour échapper à la misère. "J'ai connu la faim, et quand on a connu la faim, on ne renonce jamais", a-t-il récemment rappelé. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perd l'auriculaire gauche dans un accident du travail. A 21 ans, il entre au syndicat des métallurgistes et en devient le président en 1975.
Il conduit les grandes grèves de la fin des années 1970, en pleine dictature militaire (1964-1985).
Fondateur du Parti des Travailleurs (PT) au début des années 80, Lula se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1989 et échoue de peu. Après deux nouveaux échecs, en 1994 et 1998, la quatrième tentative sera la bonne, en octobre 2002. Il est réélu en 2006. Idéaliste mais pragmatique, il est passé maître dans l'art de tisser des alliances parfois contre-nature ou de se débarrasser d'amis devenus gênants. En 2005, il a décapité toute la direction PT, impliquée dans un scandale d'achat de votes. En octobre 2011, il a souffert d'un cancer du larynx après son départ du pouvoir et dont il s'est rétabli. Sa tentative de retour aux affaires en tant que ministre de Dilma Rousseff en mars 2016 avait été un échec qu'il avait mal vécu, tout comme la destitution de sa dauphine pour maquillage des comptes publics en août de la même année.
Mais, toujours combatif, Lula avait l'an dernier déclaré aux juges voulant l'amener pour un interrogatoire forcé en forme d'humiliation, devant les caméras de télévision, "le serpent est vivant". "Lula est innocent et le peuple brésilien viendra à sa rescousse par la voie démocratique en 2018. Nous allons résister", a réagi Dilma Rousseff après l'annonce de la condamnation de son mentor. En février, Lula a dû affronter une autre épreuve avec la mort de son épouse, Marisa Leticia Rocco, son premier soutien durant 40 ans de lutte, qui ne sera pas avec lui alors qu'il risque la disgrâce.