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En Arabie saoudite, le fondement de la liberté d’expression est clair, très clair. Pour la presse, cela n’existe absolument pas et les internautes sont, quant à eux, sévèrement censurés. Par contre, pas besoin de limiter l’expression des partis politiques, il n’y en a pas, ni besoin de censurer les films, il n’y en a pas non plus. En effet, si pour nous le cinéma permet de s’ouvrir sur le monde, de développer ses connaissances, d’acquérir des valeurs humaines et sociales, ainsi que de renouer le dialogue entre les communautés, pour le gouvernement saoudien conservateur, il ne fait que «corrompre les esprits». Résultat : toutes les salles de cinéma et de théâtre de ce pays ont été balayées à la fin des années 1970. Les films restent alors cantonnés à la télévision et aux vidéo-clubs, donc à la sphère strictement privée.
Et puis, jamais un film n’avait encore montré les rues de Riyad, jusqu’en 2013, où la première femme réalisatrice y est parvenue avec « Wadjda », meilleur film du Festival international de Vancouver. Mais de quelle manière ? En effet, pour pouvoir diriger son équipe composée d’hommes, Haifaa Al-Mansour a dû rester dans un van, à l’abri des regards, et donner ses instructions par talkie-walkie. Dans ce pays où le chromosome Y règne, pas question de mélanger les deux sexes dans l’espace public et encore moins de voir une femme diriger des hommes au vu et au su de tout le monde.
« Wadjda », premier long métrage officiel produit par ce pays, décrit l’histoire d’une fillette saoudienne, issue d’un milieu conservateur mais ayant un caractère rebelle. Elle écoute de la musique rock, porte des Converse et des jeans et malgré l’interdiction aux femmes d’avoir une bicyclette, elle rêve d’en posséder une. Elle ira alors jusqu’au bout et n’hésitera pas à s’inscrire au concours de récitations coraniques de son école pour décrocher le premier prix qui lui permettra d’acheter son vélo.
Le film, quoique jamais projeté en Arabie saoudite, semble avoir eu son petit effet. La police religieuse a récemment autorisé aux femmes de monter à bicyclette dans les lieux de loisirs comme les parcs publics, «à condition de demeurer revêtues de la Abaya et d’être accompagnées par un membre masculin de leur famille». Il paraît qu’il s’agit là d’une timide évolution due, peut-être, au merveilleux pouvoir du cinéma. Pourtant il ne fait que «corrompre les esprits»!