Avec 35 victoires, 8 nuls et 8 défaites, dont celle contre la Serbie (0-1) vendredi, Löw est d'un point de vue statistique le meilleur sélectionneur de l'histoire.
Il devance largement Sepp Herberger, Helmut Schün et Franz Beckenbauer, ses trois prédécesseurs qui ont apporté un titre mondial (1954, 1974, 1990) à l'Allemagne.
Mieux, Löw, qui n'a jamais porté le maillot de la Nationalmannschaft, est celui, avec Jürgen Klinsmann dont il était l'adjoint de 2004 à 2006, qui l'a la plus transformée.
L'ancien attaquant, qui a fait l'essentiel de sa carrière de joueur en 2e division, a instillé un nouveau style de jeu, moins physique, plus technique et ambitieux, et a considérablement rajeuni son effectif, tout en l'ouvrant aux joueurs d'origine polonaise, turque, bosniaque ou brésilienne.
Après la convaincante victoire contre l'Australie (4-0), le président de la Fédération allemande (DFB) lui avait rendu un vibrant hommage.
"Il a instillé sa philosophie à cette équipe, nous sommes très contents de l'avoir", avait insisté Theo Zwanziger.
Mais ce bilan flatteur pourrait être assombri irrémédiablement si les vice-champions d'Europe 2008 étaient obligés de faire leurs valises pour l'Allemagne dès jeudi matin.
L'Allemagne a en effet toujours survécu à la phase de groupes d'un Mondial depuis la création des poules en 1954. La dernière fois qu'elle a quitté un tournoi si tôt, l'Euro-2004, correspond de l'avis général à la période la plus noire de la sélection, juste avant la révolution lancée par Klinsmann et Löw.
"Pour tous et pour un sélectionneur en particulier, une Coupe du monde est un défi très particulier. La pression est forte, mais la joie d'être là est encore plus forte, on a fait tout ce qu'on devait", martèle-t-il.
Quand il a succédé à Klinsmann en 2006, Löw était pourtant loin de faire l'unanimité en raison d'un CV d'entraîneur manquant de relief (une victoire en Coupe d'Allemagne avec Stuttgart en 1997 et un titre de champion d'Autriche avec le FC Tyrol en 2002), mais pas de soubresauts (huit clubs entre 1994 et 2004).
Mais "Jogi", 50 ans, a séduit l'Allemagne avec ses résultats, son élégance vestimentaire, sa sérénité et ses coups de gueule aussi, comme lors de l'Euro-2008 où il fut exclu pour ses critiques répétées envers l'arbitre.
Son contrat expire après la Coupe du monde et la DFB aimerait qu'il prolonge, mais il réserve sa réponse. Löw ne semble pas avoir digéré l'échec des négociations en janvier mis sur le compte de ses prétentions financières irréalistes.
Bierhoff est persuadé que le projet sud-africain, conçu par Löw, ne s'arrêtera pas mercredi: "Cette équipe possède un énorme potentielle et joue un football très attrayant, toute l'Allemagne s'identifie à elle", se félicite-t-il.