-
Le Maroc invité d'honneur de la 18e édition du prix Al Burda à Abou Dhabi
-
SAR la Princesse Lalla Hasnaa et S.E. Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani président à Doha le "Tbourida Show"
-
Des chercheurs se penchent sur les défis de la langue arabe à l'ère du numérique et de l'IA
-
Au SILEJ, la SNRT relaie ses émissions de débat politique auprès des jeunes
En fait tout son cinéma est porté par une approche dialectique entre démarche artistique et contenu dramatique : s’inspirer de thèmes sociaux forts, généralement contemporains (la condition ouvrière, les immigrés…) avec des retours sur des épisodes récents de l’histoire moderne : la guerre civile en Espagne, le sandinisme…pour les inscrire dans un cinéma ouvert sur le grand public. Une approche didactique en somme qui trouve dans « Looking for Eric » une traduction éloquente ; séduisante, émouvante, agréable sans outre mesure. C’est un film aux effets toniques qui ne visent pas à bouleverser le cinéma mais à dire un certain message au spectateur d’aujourd’hui cerné par un désarroi global. Il se trouve que ce message est la résultante d’une rencontre avec une star d’un domaine, le football, qui brasse à l’instar du cinéma, une certaine logique de spectacle et d’engagement social. A l’origine, le film est né d’une volonté du footballeur. Ken Loach a tout de suite adhéré au projet qui lui permet de mettre en scène des éléments dramatiques et filmiques qui lui sont familiers : la banlieue de Manchester, des employés de la poste et une figure centrale aux dimensions mythiques avérées. Le film prend d’ailleurs des allures de fantastique. Le personnage principal est Eric Bishop, postier, traversant une mauvaise période sentimentale, familiale et sociale. C’est un grand fan de l’équipe MU. Ce qui lui permet de survivre et de résister, c’est le magnifique réseau d’amis, collègues du travail et supporters du même club que lui. C’est l’ancrage sociologique que décrit si bien Loach. Un soir, vraiment dépassé par les événements, il se retrouve seul dans sa chambre. Seul, pas tout à fait, puisqu’un immense poster de son idole Cantona occupe le mur de sa chambre. Désabusé, il lève la tête, et s’adresse à lui : «Que feras-tu, toi roi des stades si tu étais à ma place ? ». C’est là que le film laisse de côté le réalisme social pour nous faire entrer dans le conte de fées puisque Cantona « sort » du poster et vient échanger des mots avec le postier qui n’en revient pas. Il devient vite son conseiller, son confident et en termes de forces dramatiques, son adjuvent qui l’aide à reprendre goût à la vie, à redresser la situation…au prix de bouleversements qui frisent le drame suprême (voir l’épisode de l’arrivée de la police à la maison).
Cantona dans le film est moins bon que sur un stade ; comme personnage, il est drôle, il assène des vérités à coup d’adages, de proverbes et de citations (le pardon est la plus noble des vengeances !) mais il y a des moments d’échange qui ne manquent pas de profondeurs notamment quand il discute avec son fan de sa meilleure action ; celui-ci lui cite des buts aussi fabuleux l’un que l’autre (que nous revoyons avec plaisir, par ailleurs !) marqués lors des différentes compétitions menées par le Manchester. Cantona lui dit non et cite alors comme sa meilleure action réalisée dans un match, une passe donnée à un collègue pour marquer un but ! C’est beau et c’est une façon de nous rappeler que nous sommes dans un film de Ken Loach.