Liberté des cultes et respect des religions


Par Hassouni Kaddour Ben Moussa *
Mardi 22 Octobre 2013

Liberté des cultes et respect des religions
Le peuple marocain est particulièrement sensible à ce qui tourne autour  de la démocratie et des droits de l’Homme  dont la déclaration universelle est
rejetée  par les fondamentalistes musulmans radicaux.


L’article 220 du Code pénal marocain réprime deux infractions distinctes, la première d’ordre général portant atteinte à la liberté d’exercer un culte ou d’assister à l’exercice de ce culte, la seconde protège spécialement la religion musulmane :
1- « Quiconque par violence ou des menaces, a contraint ou empêché une ou plusieurs personnes d’exercer un culte ou d’assister à l’exercice de ce culte,   et puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams ».
Cette infraction prévoit un fait positif de contrainte pour obliger une personne à exercer un culte ou à assister à ses exercices, et une intervention pour, au contraire, empêcher une personne d’exercer librement ses droits.
Il faut que ce fait soit manifesté par des violences ou des menaces.
Il faut également que ce fait ait pour but de contraindre, soit d’empêcher l’exercice ou l’assistance à un culte.
Il faut qu’il soit véritablement un «culte» c’’est-à-dire une pratique d’une religion reconnue ou tout au moins communément admise, et qu’il ne s’agit pas, par exemple, des sorcelleries ou des fables mythologiques, imaginaires ou des fictions et mensonges pratiquées par des personnes que l’on croyait, en société, avec le diable pour faire des maléfices et des intrigues.
2- Est puni de la même peine, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignements, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation la fermeture de l’établissement qui a servi à commettre le délit pour être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois années ».
Personne ne peut méconnaître, actuellement, les conflits religieux dans le monde, ils ne sont pas les seules manifestations de violence dont les hommes sont capables, mais ils sont à cette heure les plus meurtriers, soit l’homme est fou, soit sa religion n’est pas ce qu’il croit ! Ces conflits nous conduisent à une vie d’intolérance qui peut aller, malheureusement, jusqu’au meurtre.
On pourrait dire que dans toutes les religions, l’homme croyant est libre, il suffit de respecter les autres croyances, la religion n’est pas l’exclusion de l’autre, si un homme atteint le cœur de sa propre religion, il atteint également le cœur des autres religions. Les religions sont comme des routes différentes convergeant vers un même point, qu’importe que nous empruntions des itinéraires différents, pourvu que nous arrivions au même but.
Si tu veux trouver le chemin de la religion et du bonheur, libère-toi de tes souillures.
Le mot « liberté » qui admet plusieurs interprétations a besoins d’une nouvelle définition universelle en tenant compte de la diversité des croyances, il faut faire attention aux confusions entre « liberté d’expression » et désordre social hétéroclite, qui s’écarte des règles ordinaires et de la légitimité, rejeté par l’opinion publique. Pour comprendre une autre culture, il faut, tout d’abord, se préparer à respecter la religion des autres et leur façon de vivre dans laquelle elle trouve son expression, accepter cette conception de vie comme valable en soi.
Toute personne a le droit de confesser publiquement sa foi, à condition qu’il respecte les autres religions.
Ce n’est pas en tuant des gens innocents dans des lieux publics au moyen des corps explosifs, qu’on atteint l’apothéose divine, l’islam n’est pas dans le visage voilé, ni dans la barbe qu’on laisse pousser, ni dans le chapelet toujours à la main, ni dans le turban entouré autour de la tête, ni dans les attentats meurtriers, ni dans l’hostilité à tout ce qui vient de l’occident, l’islam est dans le développement de l’esprit humain, dans le progrès, les recherches scientifiques, le développement économique et social, dans la tolérance entre les religions et dans le dialogue entre les peuples pour relever le défi de la pauvreté et la faim afin d’assurer une nourriture suffisante sous la conduites des gouvernements démocrates élus par le peuple, et répondre aux attentes du monde musulman afin de parvenir à déjouer les complots terroristes qui visent à créer une situation d’instabilité et de désordre dans le monde où nous vivons.
Il faut noter ici le célèbre ouvrage de  l’Egyptien Mohamed Abdou (1849 – 1905) « Le message du Monothéisme » qui traite la question de l’islam moderne, Mohamed Abdou estime que le renouvellement (Tajdid) dans l’islam consiste d’abord à acquérir une nouvelle vision globale, il faut adopter au lieu des repères (licite – illicite) ; Toutefois Mohamed Abdou et Jamal Eddine Al Afghani, ces deux grand fondateurs du mouvement moderniste ont préparé le terrain pour une génération d’intellectuels et penseurs tels que Taha Hussein et Ahmed Amine, lesquels ont pu ainsi aborder la pensée occidentale sans le moindre complexe.
Comme toutes les libertés, la liberté des croyances ne peut trouver de limites que dans la liberté d’autrui et dans l’observation des règles de la vie en société. La liberté religieuse, que notre pays protège, ne saurait être détournée. Elle ne saurait remettre en cause la règle commune, elle ne saurait porter atteinte à la liberté de conviction des autres (Juifs – Chrétiens etc. …), c’est cet équilibre subtil, précieux, construit depuis des siècles, qu’assure le respect du principe de la liberté des croyances au Maroc , ce principe est une chance pour le peuple marocain épris de tolérance et de liberté , la Constitution marocaine prévoit la liberté de pratiquer sa propre religion , c’est pourquoi il est inscrit à l’article 3 : « L’islam est la religion de l’Etat, qui garantit à tous la liberté des cultes » il interdit toute discrimination à l’encontre de quiconque, en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l’origine sociale ou régionale, de la langue, de l’handicap ou de quelque circonstance personnelle que se soit, beaucoup de citoyens marocains pensent que le Maroc est enrichi par sa minorité Juive  séculaire ,les Juifs marocains sont en sécurité dans l’ensemble du pays depuis des siècles…
La nouvelle Constitution garantit à tous la liberté de croyance, de conscience et d’expression, elle incarne les principes de paix , de stabilité de tolérance, de progrès, de modernisme et de développement économique et social, c’est une Constitution inédite dans l’histoire du monde arabe, elle répond aux attentes du peuple marocain épris de liberté et de démocratie, mais cette Constitution reste sans valeur si la vieille mentalité réactionnaire et anti-démocratique ne changera pas et demeure telle quelle.
Cette nouvelle Constitution constitue un tournant historique qui marque une nouvelle ère de la construction de l’Etat de droit et fera entrer notre pays dans une nouvelle ère de prospérité de progrès et d’égalité des chances.
Pourquoi les espoirs, toujours  renaissants, de voir enfin la démocratie  s’épanouir dans un pays musulman sont-ils sans cesse déçus ?
Pourquoi le pluralisme des opinions, le respect des minorités, la libre critique font –ils autant question en terre d’islam ?
Le peuple marocain est particulièrement sensible à ce qui tourne autour  de la démocratie et des droits de l’Homme,  dont la déclaration universelle est rejetée  par les fondamentalistes musulmans radicaux, retenue  massivement par le peuple marocain épris de tolérance et de paix.

 * Avocat au Barreau d’Oujda


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