Les trois journalistes d'Al-Jazeera condamnés à trois ans de prison en Egypte

Les Etats-Unis enjoignent le gouvernement égyptien à prendre toutes les mesures possibles pour corriger le verdict


Lundi 31 Août 2015

Trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera ont été condamnés samedi en Egypte à trois ans de prison ferme, et deux d'entre eux, immédiatement arrêtés, suscitant de vives critiques sur la scène internationale.
L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnus coupables par un tribunal du Caire d'avoir "diffusé de fausses informations" et travaillé sans les autorisations nécessaires.
Ils sont accusés d'avoir soutenu à travers leur couverture médiatique les Frères musulmans, l'organisation de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué en 2013 par l'ancien chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi.
En prononçant son verdict, le juge a affirmé que les trois hommes "n'étaient pas des journalistes" car ils n'étaient pas enregistrés comme tels auprès des autorités. Tous trois ont cependant couvert de nombreux conflits au Moyen-Orient pour des médias étrangers. Fahmy, 41 ans, et Mohamed, 31 ans -qui a écopé d'une peine de six mois supplémentaire au motif qu'il était en possession d'une balle de pistolet ramassée lors d'une manifestation-, ont été arrêtés au tribunal après l'énoncé du verdict, devant une assistance sous le choc.
Le Canada a exigé la libération "immédiate et sans condition" de son ressortissant, qui a renoncé à sa nationalité égyptienne pour pouvoir être expulsé du pays, comme l'avait été son collègue australien Peter Greste, condamné samedi par contumace.
Et les Etats-Unis ont affirmé être "profondément déçus et préoccupés" par le verdict enjoignant le gouvernement égyptien à prendre toutes les mesures possibles pour corriger ce verdict, qui mine la liberté d'expression tandis que de son côté, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julia Bishop, a exprimé sa "consternation".
La chaîne basée à Doha a, elle, dénoncé "une attaque délibérée contre la liberté de la presse" et fustigé une affaire "totalement politisée" alors que l'ONG Amnesty International a condamné "un affront à la justice qui sonne le glas de la liberté d'expression en Egypte". La chaîne qatarie a affirmé qu'elle allait faire appel devant la Cour de cassation, qui pourra confirmer le jugement ou l'annuler. En cas d'annulation, elle devra examiner elle-même cette affaire. C'est "un revers pour la liberté d'expression en Egypte", a commenté l'Union européenne. "Des médias libres, diversifiés et indépendants sont nécessaires dans une société démocratique", a indiqué une porte-parole de l'UE.
Fahmy et Greste avaient été interpellés en décembre 2013 dans une chambre d'hôtel du Caire transformée en bureau.
Lors d'un premier procès en juin 2014, ils avaient écopé de sept ans de prison et Mohamed de dix ans.
Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations des journalistes et à l'ouverture en février de leur nouveau procès, MM. Fahmy et Mohamed avaient été remis en liberté conditionnelle après plus de 400 jours de détention.
L'an passé, les peines initiales des journalistes avaient déjà déclenché un tollé international. Le président Sissi avait ensuite reconnu qu'il aurait mieux valu expulser les reporters plutôt que de les juger.
Trois co-accusés égyptiens des trois journalistes ont par ailleurs écopé de trois ans de prison, tandis que deux autres ont été acquittés. Ils étaient jugés pour appartenance à la confrérie islamiste et pour avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte".


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