Les conducteurs de triporteurs sont en colère. Ils protestent contre la campagne de contrôle menée depuis le début du mois d’août par la police casablancaise et officiellement destinée à repérer et immobiliser tout véhicule en infraction avec la loi. « Nombreux sont les triporteurs qui ont été arrêtés et mis en fourrière. On leur reproche le transport illégal des personnes et le changement de l’apparence de leurs motos », nous a expliqué un conducteur qui n’arrive pas à comprendre, cependant, pourquoi une pareille campagne a été initiée au moment où ces triporteurs font désormais partie du paysage urbain et s’activent au su et vu de tout le monde depuis fort longtemps. Selon lui, les triporteurs ont réussi à devenir de véritables moyens de transport en commun et de livraison de marchandises, notamment dans les zones périurbaines. « Il suffit d’aller faire un tour à Derb Omar, à Garage Allal, au marché de gros de Hay Lalla Meriem, aux abattoirs ou lors des marchés hebdomadaires comme celui de Sbit à Sidi Moumen, Médiouna ou à Had Soualem pour se rendre compte de l’importance de ce moyen de transport dans la vie des Casablancais », nous a-t-il souligné. Pour notre source, la campagne en question cause beaucoup de tort puisqu’elle prive de nombreux conducteurs de leurs sources de revenus. « Les triporteurs ont créé des opportunités de travail pour beaucoup de jeunes chômeurs et de détenus fraîchement libérés », a-t-elle noté. Pire, ladite campagne entraîne des charges financières supplémentaires. « Chaque immobilisation et mise en fourrière nous coûtent très cher. Il faut compter en plus de la contravention qu’il faut régler, 350 DH pour le dépannage et 20 DH pour chaque jour passé à la fourrière. D’autres conducteurs risquent gros puisqu’ils sont susceptibles d’être déférés devant le Procureur du Roi pour transport illicite de personnes. Mais le pire, c’est que ces immobilisations forcées induisent des réparations sitôt la fourrière quittée», nous a-t-il expliqué avant de poursuivre : « Ces motos sont fragiles et subissent souvent des pannes mécaniques.Et leurs conditions de transport et de stationnement dans les fourrières sont loin d’être réjouissantes. A chaque sortie, il faut compter 1.000 DH comme frais de réparation».
Autre problème et non des moindres, un grand nombre de triporteurs sont achetés à crédit. « Acquis pour 16.000 DH pièce, il nous coûte 35 DH par jour en guise de règlement des traites. Alors imaginez comment on peut nous en sortir avec ces crédits et amendes qui nous tombent sur la tête », nous a déclaré notre source.
Pourtant, plusieurs sources sont unanimes à considérer que ladite campagne de contrôle est justifiée. Selon eux, ces trois-roues violent quotidiennement le Code de la route. « A un certain moment, il faut bien mettre de l’ordre. En effet, ces triporteurs destinés à créer des activités génératrices de revenus au profit des jeunes chômeurs et des marchands ambulants, ont dévié de leur mission. Ils sont devenus des sources de nuisance pour la ville comme en témoignent les nombreuses plaintes des Casablancais », nous a indiqué une source sollicitant l’anonymat. On leur reproche leur manque de respect des dispositions du Code de la route.