Les sans-papiers exclus de toute couverture sociale : Sept gouvernements autonomes espagnols expriment leur désapprobation


Nezha Mounir
Lundi 3 Septembre 2012

Les sans-papiers exclus de toute couverture sociale : Sept gouvernements autonomes espagnols expriment leur désapprobation
Ce 1er septembre a sonné le glas  pour les immigrés en situation irrégulière en Espagne. En effet, ce fut la date butoir pour la suppression de la couverture médicale dont ils bénéficiaient auparavant. Ils sont quelques milliers de Marocains à être concernés par cette mesure.  
A Madrid, des centaines de personnes sont sorties, ce jour-là,  manifester  leur colère contre cette réforme qualifiée d’injuste voire d’inhumaine. Depuis avril dernier, date d’élaboration de cette réforme, des voix se sont élevées partout pour la dénoncer. Médecins, infirmiers, ONG des droits de l’Homme, voire des gouvernements de régions autonomes ont joint ce mouvement de protestation. 
Ainsi donc, les immigrés clandestins qui résident en Espagne se sont vu  exclure du système de santé publique qui leur était jusque-là accessible librement et gratuitement. Excepté les mineurs et les femmes enceintes qui continueront à y avoir accès ainsi que les cas d'urgence, les personnes en situation irrégulière se verront retirer leur carte de santé et devront payer si elles veulent être soignées. C’est sans doute l’une des mesures les plus impopulaires voire des plus controversées que le gouvernement espagnol ait eu à prendre. Ce dernier,  sous la pression de Bruxelles, de ses partenaires européens et d’institutions financières internationales, tente de  rationaliser son économie et réduire le déficit public de 8,9 % à 6,3 % cette année. Il entend également restaurer son système financier souffrant de quatre années de crise accentuées par l’éclatement de la bulle immobilière, à coup de mesures draconiennes et fortement décriées. 
Ainsi les immigrés qui constituent incontestablement, la frange de la population la plus précaire se sont retrouvés dans l’œil du cyclone. Seuls ceux qui sont en situation régulière pourront désormais accéder au système de santé publique. Les autres, soit quelque 150.000 sans papiers se retrouveraient exclus du système de santé, pour une économie de 240_millions d’euros, selon les calculs du quotidien El Pais.
 Parmi eux, on compte des milliers de ressortissants marocains en situation irrégulière ou ne disposant plus de documents réglementaires en raison du chômage. Nombre d’entre eux  se sont vus contraints de regagner le Maroc qui n’a pas été épargné non plus par la crise économique. Suite à la publication du décret prévoyant la fin de l’accès à la santé publique aux sans papiers, près de 2000 médecins espagnols sont montés au créneau et ont déclaré leur intention de désobéir à la loi. « Ce décret entre en conflit avec notre norme éthique et professionnelle, qui dit que quand tu as un patient, tu dois assurer la continuité de son suivi», s’est insurgé Josep Basora, directeur de la Société espagnole des médecins de famille et communautaire (semFYC). Des infirmières et d'autres personnels de santé se sont joints à ce mouvement de refus. 
Cette nouvelle mesure du gouvernement a été également fortement dénoncée par les ONG de défense des immigrés et des droits de l'Homme, comme Amnesty International, par les syndicats ainsi que par l'opposition de gauche, car elle rompt avec le principe de santé gratuite pour tous dont se targuait l'Espagne. 
Pour le Parti socialiste espagnol (PSOE), principale formation politique d’opposition, cette mesure s’ajoute à d’autres dispositions  insensées prises par le gouvernement conservateur. Son leader, Alfredo Perez Rubalcaba, est allé même jusqu’à la qualifier de mesure «xénophobe, cruelle et inefficace». “Cette mesure est non seulement xénophobe et cruelle car elle laisse sans assistance médicale des personnes malades, mais elle est également inefficace car de simples grippes devront être traitées dorénavant aux urgences”, s’est écrié Alfredo Perez Rubalcaba.
Pire encore, ladite réforme est loin de faire l’unanimité même au niveau des hautes  sphères politiques du pays. Ainsi sept des 17 gouvernements de régions autonomes, compétents en matière de santé, ont annoncé qu’ils refuseront d’appliquer cette loi et maintiendront l’accès aux soins pour les immigrés en situation irrégulière. Devant cette levée de boucliers, le gouvernement a assuré que les sans papiers continueront à être soignés mais devront payer les soins, en proposant que ceux-ci soient remboursés par leurs pays d’origine, à condition qu’un accord bilatéral le permette. Ingénieuse parade ! 
Dorénavant être sans papiers devrait rimer avec bonne santé. Tomber malade est un luxe que les immigrés clandestins ne devraient plus s’offrir.
 


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