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Un quart de siècle. Voilà le temps qu’il aura fallu à l’immobilisme politique pour creuser un gouffre entre les retraités et une vie décente. L'absence de revalorisation des pensions face à la cherté du coût de la vie n’est plus seulement un fait économique ; c'est une injustice sociale criante. Les prix des produits de première nécessité flambent, les frais de santé grimpent en flèche, et pourtant, les pensions restent figées depuis bientôt 25 ans, figées comme si le temps s’était arrêté pour une génération entière.
Les rares augmentations, loin de soulager les bénéficiaires, ont davantage illustré le mépris dont ils se sentent victimes. La dernière en date, approuvée en septembre 2022 par le Conseil d'administration de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), en est une preuve éclatante : une hausse de 5%, avec un minimum de 100 dirhams et un plafond fixé à 210 dirhams par pensionné.
Cette décision, présentée comme un geste significatif, a en fait été perçue comme une insulte à la dignité de ceux qui ont construit le Maroc d’aujourd’hui. Cette augmentation dérisoire est considérée comme une tentative maladroite de maquiller une situation intenable.
Dans un communiqué au ton ferme, le RéMOR dénonce une exclusion systématique, une marginalisation orchestrée et une indifférence glaciale de la part des gouvernements successifs. Au-delà des pensions gelées, c’est tout le système de gestion des caisses de retraite qui est remis en question par le RéMOR.
Dans ledit communiqué, les accusations de prélèvements abusifs et d’opacité dans la gestion des fonds publics démontrent une colère grandissante parmi les retraités. Les organismes comme le RCAR, la CMR et la CIMR, censés garantir une retraite digne, sont devenus, selon le RéMOR, des symboles de dysfonctionnement. Le réseau appelle à une réforme en profondeur, exigeant non seulement une transparence totale mais aussi des mécanismes stricts pour prévenir la corruption et protéger les droits des retraités.
Comme si cette situation ne suffisait pas, la récente décision du gouvernement d’intégrer la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a jeté de l’huile sur le feu. Pour le RéMOR, cette fusion constitue une marchandisation déguisée des services sociaux, transformant les retraités en otages d’intérêts financiers. «Cette mesure, prise sans consultation préalable, est perçue comme un coup porté aux acquis sociaux», estime le réseau qui représente diverses associations de retraités.
À cela s’ajoute une charge fiscale perçue comme une double peine. Les prélèvements fiscaux sur les pensions, malgré leur caractère modeste, sont dénoncés comme une injustice criante. «Nous avons payé nos impôts durant toutes nos années de service, pourquoi continuer à être ponctionnés?», s’interrogent les retraités. Le RéMOR exige une exonération fiscale complète pour les pensions, une mesure qui serait non seulement un geste de reconnaissance de leur contribution passée, mais également une réponse concrète à des décennies d’indifférence. «En demandant une exonération totale des pensions, les retraités ne réclament pas un privilège, mais une réparation», estime le RéMOR.
Le rassemblement du 30 novembre n’est pas une simple manifestation. Il s’agit d’un appel à l’unité, à la solidarité intergénérationnelle. En lançant un appel aux futurs retraités, aux organisations politiques, syndicales et aux défenseurs des droits humains à rejoindre leur cause, les retraités cherchent à inscrire cette lutte dans une dynamique plus large, celle d’une société qui refuse de tourner le dos à ses bâtisseurs. En effet, cette lutte ne concerne pas uniquement ceux qui, aujourd’hui, peinent à joindre les deux bouts. Elle est le miroir de ce qui attend des millions de Marocains dans les années à venir, si rien ne change.
Le RéMOR annonce également avoir intensifié sa pression sur le gouvernement et les élus. En adressant des lettres aux principaux responsables politiques, syndicats et partis politiques, le réseau espère enfin se faire entendre et inscrire ses revendications dans l’agenda national. Mais une question demeure : ce cri de désespoir sera-t-il entendu ? Les décideurs politiques auront-ils le courage de briser des décennies d’inaction pour répondre aux attentes d’une frange de la population qui a tant donné au pays ?
Au-delà des revendications économiques, c’est une question de dignité qui est en jeu. Les retraités marocains demandent à être traités avec respect, à voir leur contribution passée reconnue et à pouvoir vivre leur retraite dans des conditions décentes.
En fait, ce combat interpelle chacun de nous. Quelle société voulons-nous construire ? Une société qui honore ses seniors ou une autre qui les relègue à l’oubli ? Le 30 novembre, les retraités rappelleront au pays que leur lutte est celle de tous. Une nation ne peut avancer sans mémoire, ni sans gratitude envers ceux qui l’ont bâtie.
Mehdi Ouassat