Poussé par sa passion de l’écriture, le Docteur et chercheur universitaire franco-marocain, Mounir Ferram, vient de publier un nouvel ouvrage intitulé « Les racines de l’espoir» aux Editions L'Harmattan. Voici donc un deuxième ouvrage dans lequel le jeune écrivain, figure éprise d’art et de liberté, tente ardemment de déchiffrer dans «l'altérité et la différence des cultures, la vie dans ses multiples expressions humaines». Il s’agit d’un écrivain dans la plume dépasse largement le cadre usé de la littérature maghrébine francophone. Ici, et depuis plusieurs années d’ailleurs, il mène une quête à la fois bouleversante et captivante avec une passion bon enfant.
« Les origines de l’espoir» est un roman d'une enivrante beauté, aussi fascinante que fourvoyante. Un labyrinthe où l’on se perd facilement. Et ce, tant les récits s'entremêlent et le sens reste celui qu'on veut bien y mettre. Mais, on s'y perd volontiers, car il nous offre un monde où la poésie transcende le réalisme. Un plaisir que l’on goûte par tous les sens. On est face à une fresque où les silhouettes se succèdent en se tournant le dos, comme le font les générations, tentant de regarder par-dessus l'épaule pour comprendre de quoi la tâche est faite et de qui elle nous vient.
Un appel au rêve qui restaure la pertinence de l'imaginaire dans la pensée : celle d'ouvrir les possibles pour dépasser la raison et la loi qui limitent le destin. On connaît bien la tempête qui ouvre le roman : «La nostalgie du pays d'origine s'ouvre sur l'inattendu!». Elle est d’ailleurs notre perte de repères dans un monde à refaire.
Le livre enchâsse les récits. Cette nostalgie brise « le silence de silhouettes humaines éperdument ivres d'ailleurs. Prises dans une terre aux multiples facettes, leur présent s'abreuve d'amères solitudes! Subitement, l'aube renaît en eux pour les emmener loin des lieux de leurs blessures, de leurs deuils en quête d'une vie plus clémente», comme on peut lire dans la présentation de ce livre.
L’œuvre privilégie la poésie, autant pour sa dimension symbolique que pour son rythme et sa musicalité. Le temps se mélange autant que les récits, si bien que la continuité évoquée fait davantage référence à un renouvellement perpétuel de l'homme qu'à un destin linéaire ou tracé. Ainsi « est mon histoire, mes sœurs. Mon destin s'y est joué, a tissé avec la complicité des jours mon étrange et complexe parcours jusqu'à me retrouver parmi vous…», disait Khemissa, le personnage principal du roman. Celle-ci s'est détournée des siens, de son identité pour vivre autrement, librement, mais à quel prix dans un Maroc aux traditions pesantes? «Comme Khemissa, les personnages luttent pour exister, pour s'en sortir, pour aimer et exorciser un sort parfois cruel et mortellement obstiné. Ils se vouent alors à l'espoir: une ultime religion qui les affranchirait de tout... Les chemins de la vie diffèrent de par leurs itinéraires. Cependant, ils n'altèrent en rien la volonté de ces personnages de vivre dignement dans une société de contradictions et de foisonnement d'injustices en tout genre...».
Une vision s'impose alors de la quête essentielle pour tous, au Nord comme au Sud, d'un sens de la vie puisant sa source dans l'amour et le grand mouvement de l'ordre du monde.
Extrait
« Je ne sais pas quel est mon âge. Les années défilent devant moi sans que je m'en rende compte. Je suis méconnu du temps. Il est ailleurs, il se déroule hors de ma vie. Moi, je suis un marginal, un imprévu, un venu à l'improviste. Je suis un enfant des rues, un «Ouled Ezzanka » ! J'aurais pu être un enfant du péché : l'enfant d'une prostituée ou un enfant non reconnu par son père comme mon compagnon Hamid. II en oublie son vrai prénom, tellement il est appelé : «Ouled Lehram» par les gens de son quartier, le fils banni ! Ou le fils de l'adultère... La nuit, je dors dans l'immensité : à l'hôtel de Dieu. La terre m'héberge et le ciel me couvre de son millier d'étoiles. Le jour, je sillonne les rues : une véritable jungle où il faut incessamment se battre pour rester en vie, l'existence d'une mouche qui erre et qui indispose tous ceux qu'elle rencontre sur son chemin... ».