Les prémices d’une nouvelle histoire arabe


Par Omar Abbadi
Lundi 23 Septembre 2013

Les prémices d’une nouvelle histoire arabe
Il ne fait aucun doute que le Printemps arabe est fini, et qu’il n’est plus ni un rêve ni un espoir, ni un but, ni un objectif. Il s’est métamorphosé en un automne aride avec un soleil brûlant et  impitoyable, avec des serpents qui mordent, des crocodiles qui avalent, des loups qui dévorent, des renards qui trompent, des reptiles qui se faufilent, des corbeaux qui croassent, des hommes plus proches des démons que des humains, non concernés par le devenir de la nation et qui conspirent sans scrupules ni conscience.
Le Printemps arabe est fini. Il est parti et ne reviendra plus, il s’est effondré ne se relèvera pas, il s’est brisé et ne se remettra pas,  il est mort étranglé, et ne ressuscitera pas, plus personne ne l’aime ni le souhaite à ceux qui ne l’ont pas connu, les citoyens l’ont assez cher payé, il s’est transformé en une malédiction qui a frappé les peuples, détruit les pays, déchiré les ménages et les familles, divisé leurs enfants, froissé et humilié les pauvres et les indigents, multiplié les nécessiteux et  les mendiants.
Le Printemps arabe est fini, remplacé par une autre saison, qui ne diffère en rien des conceptions qui prévalaient auparavant, avec ses libertés réprimées et droits confisqués, son usage excessif de la force, son lot de non-respect des lois et des jugements, l’avènement de nouveaux acteurs corrompus et conspirateurs, avec une soif de  vengeance et une haine insatiable.
Les Arabes sont en train de réécrire leur histoire à l’encre rouge, et contrairement aux attentes et aux espoirs de leurs peuples, la plume est partie dans une autre direction, profitant du chaos et de la confusion, du désespoir et  de la crise, du chômage et des perspectives sombres de développement, elle est partie pour dire à tout le monde qu’elle est sur le bon chemin, que son option est la meilleure, et qu’elle embarquerait le pays pour un voyage vers les époques de nos ancêtres, que le citoyen, dans leurs systèmes, ne mourra pas de faim ni ne se plaindra de la pauvreté, que toutes les forces vives se convertiront à sa vision, qu’il n’y aura ni exclusion, ni privation, ni marginalisation, qu’elle appliquera le principe de l’égalité des chances, les droits seront garantis, la prospérité généralisée, bref, elle garantira la fierté, la dignité et la liberté.
Les Arabes sont en train de réécrire leur histoire avec la plume de la matraque, impitoyable et sans compassion, appliquée par des hommes ne sachant marcher qu’en piétinant les autres, avec la rapidité du craintif, l’audace du fou, et la rancœur du frustré, ils assassinent l’avenir en voulant tuer le passé.
Les Arabes sont en train de réécrire leur histoire avec l’aide précieuse d’experts et spécialistes, supervisée par des forces obscures, elles-mêmes irritées par la révolution des jeunes, car l’émancipation leur fait peur. Prises de court par les événements, ces puissances se sont rétablies après le choc, elles ont repris leurs positions après le séisme, récupéré leurs billes, choisi leur camp et ont de nouveau maîtrisé la situation ; elles ont installé de nouveaux visages, avec des slogans différents, prêchant un avenir meilleur, déclarant chaque jour leur pacifisme, affirmant la légitimité de leurs pouvoirs, et la constitutionnalité de leurs actions, qu’elles sont pour la démocratisation de leur pays, pour le respect des droits des citoyens, la primauté de la loi, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, le respect de la Constitution, et la défense des intérêts supérieurs de la nation, se méfiant tout de même des progressistes, des socialistes et des laïcs, les accusant de mécréants cherchant à semer la discorde et la violence.
Après  nous être réjouis de lendemains meilleurs et prometteurs, et nous être préparés pour une nouvelle histoire que nous écrirons nous-mêmes avec notre propre volonté et nos capacités, nous voilà frappés de plein fouet par le revers de la médaille, par une horde d’aliénés qui veut nous ramener 14 siècles en arrière.
Les peuples arabes ont horriblement peur, peur de l’inconnu,  peur de l’avenir effrayant et menaçant, peur que le Printemps arabe ne se transforme en hiver islamique.
Les révolutions sont l’œuvre de fous d’amour pour leurs pays, qui meurent pour que vive leur cause, et ce sont les lâches qui en bénéficient (dixit Farhat Hachad) …


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