Les praticiens font le point à Casablanca : 40.000 nouveaux cas de cancer par an recensés annuellement


Sofia Aliamet
Lundi 10 Mai 2010

La sixième édition du Cours franco-maghrébin de sénologie se tiendra les 14 et 15 mai prochains à Casablanca. Organisée cette année sous le thème : " Cancer du sein : actualité et devenir ", cette rencontre sera articulée autour de plusieurs axes tels que la prise en charge préopératoire, les exigences de qualité en termes de dépistage ou encore la radiothérapie. Elle sera également l'occasion pour tous les praticiens du Royaume de suivre les meilleures formations disponibles en la matière sans supporter les coûts éventuels que représente un voyage à l'étranger.
Réunis lors d'une conférence de presse, les spécialistes du cancer du sein (oncologues, gynécologues, cancérologues, et radiothérapeutes) ont fait le point sur cette maladie qui connaît dans le Royaume de nouvelles évolutions.
L'on recense actuellement quelque 40.000 nouveaux cas de cancer par an (tous cancers confondus). Chez les femmes, un changement de tendance s'est opéré et désormais le cancer du sein est la forme la plus répandue parmi nos citoyennes alors que dix ans auparavant, il s'agissait du cancer du col de l'utérus. Pire encore, l'on constate ces dernières années un rajeunissement de la maladie notamment chez la tranche des 30-35 ans. Selon les statistiques, une femme sur vingt-six risque de développer un cancer du sein au cours de son existence. Une évolution de la maladie imputée en partie aux nouveaux modes de vie. Stress, alimentation peu équilibrée, sédentarisation et  surtout tabagisme et manque d'activité physique sont autant de facteurs qui peuvent avoir une incidence sur notre santé.
Pourtant, selon M. Souadka, oncologue à Rabat, " le cancer ne tue pas ; c'est le diagnostic tardif qui tue. ". Là est le principal problème aujourd'hui. Comme l'explique le docteur Chenfouri, gynécologue, " 68% des patientes sont vues au stade II ou III de la maladie, soit un stade déjà avancé. Seulement 30% des patientes sont examinées à temps ". Or si la maladie est diagnostiquée relativement tôt, des traitements existent permettant de garder le sein et d'éviter ainsi l'ablation. Dès lors, l'autopalpation de la poitrine peut s'avérer salvatrice. En cas de grosseur, déformation ou douleur, la priorité est de consulter son médecin traitant. De plus, tous les praticiens conseillent également de pratiquer une mammographie dès l'âge de 40 ans.
De nombreux progrès ont été réalisés en termes de traitements et comme l'affirme le docteur Samilali, " la femme marocaine n'a plus rien à envier à la femme française ou américaine ". Le plus souvent, la chirurgie est le premier pas dans la prise en charge de la maladie. La radiothérapie intervient ensuite le plus souvent afin de prévenir les risques de récidive. L'Association Lalla Salma a également marqué un tournant dans l'appréhension de la maladie. Comme l'explique le docteur Chenfouri, " la campagne de sensibilisation menée l'année dernière par l'association a amené beaucoup de femmes marocaines à consulter. " Une assertion qui ne se vérifie que dans les villes puisque comme le rappellent certains praticiens, la campagne n'a que peu d'effet dans des zones rurales où il n'existe aucun moyen de se faire dépister. En effet, de nombreuses villes n'ont pas encore le matériel adéquat proportionnel à leur population.
Quant à la difficile question des coûts, l'instauration de l'AMO en 2006 a permis aux citoyens qui cotisent d'être couverts à 90%. " On sait bien qu'auparavant ceux qui en avaient les moyens partaient se faire soigner à l'étranger ", souligne un spécialiste. Pourtant, toute une frange de la population a été lésée par ce système. Les citoyens marocains qui ne cotisent pas n'ont nullement les moyens de supporter  les coûts des traitements contre le cancer, donc d'être éligibles au programme d'accès aux thérapies du cancer. Enfin, ceux qui souscrivent à des mutuelles privées voient leurs plafonds de remboursement s'effondrer dès le premier traitement, car ceux-ci sont encore loin de couvrir toutes les dépenses occasionnées.
Aujourd'hui nul doute des progrès accomplis en matière de traitement du cancer du sein. La prévention reste cependant le maître mot pour permettre une guérison totale de la maladie.  


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