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Parlant d’abord des métiers qui s’adaptent, il y a les restaurants dont la plupart ferment et profitent de cette pause pour faire des travaux de rénovation. Leur personnel se retrouve en congé forcé, payé ou non selon leur situation et la volonté de leur patron.
Pour ceux qui continuent leurs activités, ils changent de cartes pour proposer des menus ou des buffets pour le ftour et le diner. Alors que ceux qui continuent à ouvrir normalement, l’activité est à minima et ils sont obligés de réduire leur personnel. Les cafés, c’est après la rupture du jeûne qu’ils tournent au maximum de leur rendement, mais en général, ils n’arrivent pas à réaliser leur chiffre d’affaires habituel. Aussi réduisent-ils le nombre de leurs serveurs ou bien les font travailler un jour sur deux pour pouvoir garder tout le monde, fût-ce en leur versant la moitié de leur salaire. Les snacks et fast-foods en général préfèrent fermer, car ils ne font pas de bénéfices à part bien sûr les grandes enseignes internationales. En plus de la baisse de ses revenus, un serveur n’a l’occasion de partager la table du Ramadan avec sa famille qu’une fois par semaine, c’est-à-dire le jour de son repos hebdomadaire.
Comme les snacks et certains cafés, les bars sont fermés par la force des choses puisque la consommation d’alcool est interdite durant le Ramadan et les fêtes religieuses. Leur personnel est mis au chômage pendant plus de 30 jours et fait donc partie de tous ceux qui se trouvent lésés par les changements d’habitudes induits par ce mois sacré à l’instar de tous les petits métiers qui gravitent autour des débits de boissons (vendeurs de sous-vêtements, de chewing-gum et de petites babioles) et qui essaient tant bien que mal de profiter de la générosité des clients pour survivre. Et si certains estaminets restent ouverts, ils s’adaptent en proposant des boissons fraîches et des soirées de chaâbi pour attirer une certaine clientèle. Les taxis en général et ceux qui bossent la nuit sur la zone côtière ne font plus les mêmes recettes que d’habitude car les gens deviennent un peu plus casaniers. Les taximen préfèrent donc prendre une bonne part de repos durant le Ramadan.
Des métiers saisonniers apparaissent et font de bonnes recettes vu le caractère incontournable de leur production : ce sont les vendeurs de chebbakya, briouates, meloui, batbout, rezet-el qadi et lwarqa. Des activités qui font travailler toute la famille, généralement de condition modeste, et qui réalisent néanmoins une marge bénéficiaire conséquente, car elles nécessitent juste un tabouret et un grand étal dans la rue quand on n’a pas les moyens de louer un magasin. Il y a même des mères qui se réveillent tôt pour pouvoir préparer et vendre leur batbout et baghrir pour réaliser une entrée d’argent à même de donner un peu de couleurs à leurs tables. Idem pour les vendeurs de jben et de raib pour le shour qu’on retrouve à chaque coin de rue.
Un métier ancestral peine néanmoins à trouver des amateurs, à savoir celui de Neffar. Il aurait complètement disparu n’eussent été quelques rares membres des troupes de la Deqqa Marrakchya qui s’y mettent pour le fun puisqu’eux-mêmes sont condamnés au chômage forcé durant le Ramadan. Ce qui est une aubaine pour nous dès lors qu’ils nous permettent encore d’entendre le son de la fanfare qui a bercé notre enfance ; une heure avant lfajr ainsi que pendant les soirées du 15ème, 27ème et dernier jour du Ramadan.
Autre métier traditionnel, considéré comme un trait caractéristique de la société marocaine puisque représenté sur nos cartes postales et nos objets souvenirs, c’est celui du guerrab (porteur d’eau), ce fameux personnage folklorique, avec son grand chapeau, sa tenue bariolée et son outre en peau de chèvre. Faute de pouvoir proposer un verre d’eau fraîche aux passants contre un dirham ou deux, ces vendeurs d’eau deviennent carrément des mendiants le temps d’un mois d’abstinence et de prière.
Toute l’ambiance change donc dans un sens ou l’autre, mais cela ne peut enlever à ce mois béni son charme doublé d’une remise au goût du jour d’une générosité dont profitent les mendiants et autres dans le besoin dont le nombre augmente à vue d’œil au mois du Ramadan.