Les nouvelles Constitutions dans les pays du Printemps arabe

La culture de la réconciliation et du dialogue, à répandre sans modération


Narjis Rerhaye
Mardi 6 Mai 2014

Les nouvelles Constitutions dans les pays du Printemps arabe
«Si la monarchie avait été maintenue en Egypte, ce  pays aurait connu une véritable transition démocratique».  Cette hypothèse sous forme de scoop  a été émise par Abdelali Hamieddine, membre médiatique du secrétariat national du PJD, au cours d’une  table ronde  dédiée aux «nouvelles Constitutions dans les pays du Printemps arabe»  et organisée par l’Espace démocratique, à Rabat en fin de semaine passée. A l’évidence, les islamistes du Maroc ne se sont pas remis de la mise à l’écart populaire de Morsi et des frères musulmans d’Egypte… Vu du PJD, ce qui s’est passé, martèle A. Hamieddine, est tout simplement un coup d’Etat.  Analyse politique ou solidarité panaislamiste ?
Le choix de la thématique et des débatteurs en dit long sur l’ambition de ceux et celles de l’Espace démocratique -un forum de dialogue et de réflexion créé il y a un peu moins d’une année et que préside le socialiste Talaa Saoud Al Atlassi. « Il est crucial d’ouvrir le débat avec le plus grand nombre, multiplier les relais, faire parler cette majorité silencieuse. Il est tout aussi important de mettre en avant  l’intellectuel et son rôle essentiel de poseur de questions.   Les Constitutions nées avec le Printemps arabe sont-elles un début de chemin ? Inaugurent-elles  une nouvelle forme de citoyenneté ? Comment appréhender le défi de l’application de ces lois fondamentales ? », explique tout en s’interrogeant, Touria Majdouline, la secrétaire générale de l’Espace démocratique et dont les initiateurs veulent faire de ces rencontres des débats mensuels.  La rencontre s’est  tenue dans les murs de la faculté des lettres de la capitale, une manière de tisser des liens et de jeter des ponts entre la société civile et l’université. L’assassinat commis au sein de l’université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès est encore dans toutes les mémoires. Plus  que jamais, l’université doit être un espace de dialogue et de démocratie et non plus soumise au joug de la pensée unique.   A l’affiche de cette table-ronde de Rabat, trois politiques et universitaires.  En plus du constitutionnaliste et dirigeant islamiste Abdelali Hamieddine, l’avocat usfpéiste Mohamed Lemrini, l’universitaire et membre du Parti socialiste unifié  Mohamed Sassi ont croisé le verbe et confronté leurs idées et réflexions. Trois profils très différents les uns des autres ont donc présenté leur lecture respective des Constitutions marocaine, tunisienne et égyptienne. De la Constitution adoptée au Maroc en juillet 2011, Mohamed Sassi a retenu les acquis mais aussi les ratés.
Au Maroc, la 
constitutionnalisation de la méthodologie démocratique
 L’universitaire à gauche de la gauche applaudit à la constitutionnalisation de la méthodologie démocratique –un concept made in USFP, à l’élargissement des libertés, au renforcement du rôle de l’opposition parlementaire et à celui de la mission législative du Parlement sans parler des nouvelles prérogatives du Conseil de gouvernement et particulièrement la nomination aux hautes fonctions qui n’est plus un domaine réservé. Mais pour Sassi, ce texte adopté dans le sillage des manifestations du 20 février consacre des rendez-vous manqués: pas de monarchie parlementaire, démocratie à dose homéopathique, conseil des ministres définissant les orientations stratégiques en lieu et place d’un gouvernement devant rendre des comptes aux électeurs.  Homme de gauche, Mohamed Lemrini n’est pas du même avis que Mohamed Sassi, celui-là même qui avait claqué la porte de la maison ittihadie. La monarchie parlementaire, soutient M. Lemrini, est la devise de cet instant que le Royaume est en train de vivre
La constitution tunisienne 
interdit le takfir
Dans son désordre institutionnel, la Tunisie, le pays de Bouazizi et de la révolution du jasmin, a-t-elle fait mieux que le Maroc ? Mohamed Lamrini énumère les dispositions de la nouvelle Constitution tunisienne comme autant de victoires de démocrates. De la liberté de culte (qui existait dans la Constitution de 1959) à la parité dans tous les conseils élus en passant par le droit à la vie, l’intégrité physique, la criminalisation de la torture et l’interdiction du takfir. « Les droits à la culture et à la liberté de création sont par exemple clairement institués », fait remarquer ce membre du bureau politique du parti de la Rose.
Les Egyptiens à l’épreuve du vivre ensemble
En Egypte, les Constitutions se suivent et ne se ressemblent pas. Après la confection par les Frères musulmans d’une loi suprême sur mesure, le peuple est sorti de nouveau dans la rue pour réclamer le départ de Morsi, élu par les urnes. Ce que l’islamiste Abdelali Hamieddine qualifie clairement de coup d’Etat. Quant à la nouvelle Constitution, fait-il valoir, elle est loin d’être porteuse de valeurs démocratiques et de transparence. « En Egypte, les frères musulmans étaient des réformateurs. Aujourd’hui on en a fait des forces révolutionnaires. Il ne faut surtout pas croire que des partis pourront régler leurs comptes avec les frères musulmans à travers l’armée », prévient ce cacique du PJD.
Et si ce qui a le plus manqué à l’Egypte, c’est cette culture du dialogue, de la réconciliation et du consensus dont le Maroc a fait sa marque de fabrique ? Ils ont été nombreux à se le demander au cours du débat qui a suivi la prise de parole des conférenciers. 
Dans les pays du Printemps arabes, de nouvelles Constitutions ont été adoptées avec des fortunes diverses. Des débuts de chemin commencent. Des projets de citoyenneté se dessinent. «Mais ces Constitutions nouvellement appliquées ont-elles pu instituer un vivre-ensemble ? Aujourd’hui nous sommes dans l’après-Printemps arabe. A tous ces pays, il leur faut reconstruire le vivre-ensemble, sans exclusion, dans le progrès et de manière éclairée», conclut Mohamed Lemrini.


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1.Posté par ALAOUI le 06/05/2014 13:52
Talaa Saoud Al Atlassi ,un socialiste dites-vous? Que nenni.

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