"Sur la base de mon autorité constitutionnelle et légale, et conformément à la décision de dissoudre le Parlement, j'ai signé aujourd'hui la décision d'appeler à des élections législatives anticipées pour le Parlement de Macédoine, qui se tiendront le 5 juin", a écrit Trajko Veljanoski, membre du parti au pouvoir, le VMRO-DPMNE (droite conservatrice).
Restant sur une longue série de revers électoraux, le principal parti de l'opposition, le SDSM (social-démocrate) estime que les conditions du scrutin ne sont pas remplies, dénonçant des listes électorales truquées, une mainmise du gouvernement sur les médias, et de manière générale des atteintes graves aux libertés publiques.
Son chef, Zoran Zaev a également dénoncé un scandale d'écoutes illégales de milliers de politiques, journalistes, chefs religieux. La décision mardi du président Gjorge Ivanov de décréter l'arrêt des poursuites judiciaires dans ce dossier, a envenimé la situation politique de la Macédoine, dans l'impasse depuis deux ans.
Des manifestations sont organisées dans les rues de Skopje tous les soirs depuis. Une autre était prévue vendredi. Le principal bénéficiaire de cette amnistie est Nikola Gruevski, patron du VMRO-DPMNE et homme fort du pays depuis 2006.
Après cette grâce signée par décret, Américains et Européens avaient exprimé leur scepticisme sur un scrutin équitable. Le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn a exprimé mercredi ses doutes "que des élections crédibles restent possibles". "Pardon général = impunité = obstacle à des élections crédibles, à la voie Euro-Atlantique", a estimé de son côté l'ambassadeur des Etats-Unis Jess Baily.
Moscou a au contraire apporté jeudi son soutien à Gjorge Ivanov et appelé à la tenue des législatives à la date prévue: "L'opposition, avec de l'aide extérieure, est redevenue un intermédiaire pour attiser le conflit politique, avec pour objectif de perturber les élections prévues le 5 juin 2016, seule issue démocratique de cette crise prolongée."
Deux ans après les précédentes, dont le résultat avait été contesté par l'opposition, ces législatives étaient prévues dans un accord conclu entre les partis macédoniens à l'été 2015, sous l'égide de l'Union européenne. Accord qui a depuis volé en éclats.
La Macédoine est candidate à l'adhésion à l'UE depuis 2005 et à l'OTAN depuis 2009. Ses quelque 2,1 millions d'habitants sont majoritairement slaves mais un quart sont albanais et ont leurs propres partis.