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Diffusé tous les matins de la semaine et le samedi sur la chaîne indigène nationale NITV, "Waabiny Time" ambitionne de faire mieux connaître les langues aborigènes qui connaissent un regain d'intérêt depuis une vingtaine d'années après avoir longtemps été combattues par les autorités.
Et l'engouement s'est avéré tel que les 13 épisodes de 30 minutes sont rediffusés, après un premier passage au petit écran en avril.
Destiné à l'attention des enfants âgés entre 3 et 6 ans, il enseigne les notions élémentaires de la langue Noongar, parlée notamment dans la région de Perth (sud-ouest).
"J'ai réalisé en travaillant avec des communautés autochtones que les enfants ne s'adressaient pas à leurs grands-parents dans leur langue", a expliqué à l'AFP la productrice de l'émission, Cath Trimboli.
"La langue disparaît, les enfants ne sont pas encouragés à la parler", ajoute-t-elle en assurant que l'émission s'adresse à "tout le monde".
Le Noongar est l'une des 60 langues indigènes toujours parlées en Australie, alors qu'au moment de la colonisation européenne, en 1788, quelque 250 langues - jusqu'à 700 dialectes - étaient en usage.
Des 13 dialectes formant la langue Noongar, seuls cinq ont survécu.
"Sur les 60 langues, seules six ou sept sont transmises naturellement aux enfants par leurs parents", a expliqué à l'AFP John Hobson, maître de conférence en études indigènes auprès de l'université de Sydney.
Les premiers colons européens, installés en Australie à la fin du 18e siècle, incitaient alors les aborigènes à renoncer à leur langue et les isolaient dans des réserves.
"C'était considéré comme la langue du diable. Et les parents ont commencé à vouloir que leurs enfants parlent l'anglais. Quand on dit à quelqu'un que parler sa langue est mal, il finit par le croire", explique M. Hobson.
"Il est très difficile de sauver une langue, cela demande les efforts de la communauté entière. Des programmes TV ne peuvent à eux seuls les faire revivre, mais elles ont une fonction de sensibilisation", dit-il.
Le programme remporte aussi un fort succès dans la région où se parle le Noongar, selon ses producteurs.
"Cela donne aux très jeunes enfants l'envie et le goût de leur langue. Maintenant ils peuvent dire des mots en Noongar à leurs grands-parents, qui, à leur tour peuvent leur apprendre d'autres mots. Parfois les grands-parents n'avaient pas utilisé ces mots depuis très longtemps", a expliqué à l'AFP Lois Spehn-Jackson, consultante en langues aborigènes pour "Waabiny Time".
Des classes bilingues ont ouvert dans le Territoire du Nord et l'Etat d'Australie Occidentale, tandis qu'une soixantaine d'écoles en Nouvelles-Galles-du-Sud (sud-est) offrent des cours de langues indigènes.
Les aborigènes, présents en Australie depuis 40.000 ans, représentent le peuple le plus ancien au monde, mais ils demeurent très défavorisés en Australie, où ils représentent environ 2% d'une population de 22 millions d'habitants.
En 2008, le Premier ministre australien Kevin Rudd leur avait présenté des excuses officielles historiques pour les injustices subies pendant deux siècles, illustrant la volonté de réconciliation du gouvernement travailliste avec cette communauté.