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Rached Ghannouchi s'est une nouvelle fois opposé à son numéro 2, le Premier ministre, Hamadi Jebali, qui considère qu'un cabinet apolitique est la seule solution pour sortir la Tunisie d'une profonde crise politique, aggravée par l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd le 6 février.
La fermeté du chef islamiste, qui propose un gouvernement dirigé par Ennahda alliant technocrates et politiques, laisse présager des tractations difficiles. De nouveaux pourparlers sont prévus lundi entre le Premier ministre et les partis politiques.
Hamadi Jebali avait prévu d'annoncer un nouveau gouvernement samedi ou de démissionner, mais vendredi soir il a reporté l'annonce sine die.
Selon le ministère de l'Intérieur, 16.000 partisans d'Ennahda ont manifesté sur l'Avenue Bourguiba, haut lieu de la révolution qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali il y a deux ans.
Les manifestants brandissaient des dizaines d'étendards d'Ennahda, de drapeaux nationaux et quelques bannières noires de la mouvance salafiste.
Ennahda, fondé en juin 1981 par Rached Ghannouchi, a été longuement réprimée avant de s'imposer, après la révolution et les premières élections libres d'octobre 2011, comme le principal parti du pays.
Le mouvement dispose de 89 des 217 sièges à l'Assemblée nationale constituante et a formé une coalition avec deux partis laïques de centre-gauche dont celui du président Moncef Marzouki.
Mais le meurtre de Chokri Belaïd a montré qu'Ennahda est tiraillé entre une frange radicale, représentée par Ghannouchi, et celle plus modérée avec Jebali.
Outre l'interminable crise politique, la rédaction de la Constitution est dans l'impasse, faute de compromis sur la nature du futur régime.
Entre-temps, les conflits sociaux souvent violents se sont multipliés sur fond de misère et chômage. Sans oublier l'essor d'une mouvance salafiste jihadiste qui déstabilise régulièrement le pays par des attaques.