Tentatives désespérées de relancer le Gazoduc Transsaharien dans le vain espoir de rivaliser avec le projet maroco-nigérian
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Le ministre fédéral des Ressources pétrolières du Nigeria, Timipre Sylva, a annoncé que son pays envisage déjà de lancer très prochainement la construction de la plus grande partie du gazoduc transsaharien qui se trouve sur son territoire et qui est long de 614 km, ce qui devrait réduire le coût du projet. «A partir d’aujourd’hui, nous prenons l’engagement de construire notre partie du gazoduc qui va jusqu’à Kano, à la frontière avec le Niger, et ainsi permettre au gazoduc de continuer sur le Niger et atteindre l’Algérie. Je suis ravi de voir que mes frères des autres pays sont aussi autant engagés dans ce projet», s'est réjoui le ministre nigérien.
De son côté, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a souligné que "l’Algérie accorde au projet du gazoduc l’importance qu’il mérite et qui lui permettra de se réaliser dans le délai imparti». Pour lui, la situation actuelle du marché gazier et celle de la demande sont une nouvelle démonstration de l’acuité du projet. Et de préciser : «Nous allons ensemble mettre en place un plan, une feuille de route et un planning bien détaillé, pour aller jusqu’à l’aboutissement et la réussite de ce projet et nous nous engageons devant vous, nous l’Algérie, à mettre à disposition tous les moyens pour parvenir à cet objectif».
La déclaration de Niamey peutelle être perçue comme le coup d’accélérateur à l’accord signé le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l'Algérie? En effet, le projet Transsaharien est en discussion, au plus haut niveau, depuis le début des années 2000, mais l’étude de faisabilité a, cependant, mis en évidence certains problèmes que les trois pays concernés n’ont toujours pas résolus, comme celui de la disponibilité des réserves gazières du Delta du Niger, le tracé du gazoduc et les réalités géopolitiques de la région. Des raisons d’ordre économique et des choix géopolitiques de l’UE en termes de sécurité énergétique ont également contribué au retard enregistré dans l’accomplissement de ce projet.
Des entraves et des incertitudes perdurent jusqu’aujourd’hui. En effet, un rapport de la Chambre africaine de l'énergie datant de 2020 a indiqué qu’à part l’approbation en 2019 du projet de construction de son septième train de gaz naturel liquéfié (Nigeria LNG Train 7 (Train 7)), qui devrait augmenter la production de GNL du pays de près d'un tiers, le Nigeria ne prévoit aucun projet pour l’année 2020 et aucun projet important ne devrait être approuvé ou mis en œuvre en 2021, car le pays a été durement touché par la pandémie de Covid19, la baisse de la demande mondiale en pétrole brut et la chute des prix qui en a découlé. La même source a révélé que de nombreux projets importants comme les développements en eaux profondes de Bonga North et Bonga Southwest – Aparo exploités par Shell, et le projet Etan – Zabazaba exploité par Eni, également en eau profonde, devraient être retardés davantage dans un contexte où les opérateurs du monde entier se concentrent désormais sur la réduction des investissements et le report des projets.
A noter que l'industrie pétrolière au Nigeria était déjà en proie à des problèmes tels que le projet de loi sur l'industrie pétrolière (PIB), longtemps retardé, qui s'est ensuite transformé en projet de loi sur la gouvernance de l'industrie pétrolière (PIGB). En septembre 2020, le président Muhammadu Buhari a de nouveau soumis le projet de loi à l'Assemblée nationale, dans l'espoir de l'adopter à la fin de cette année là.
Le Nigeria a également adopté fin 2019 une révision des PSC en eau profonde de 1993 qui augmente les redevances sur les champs en eau profonde de 0% à 12,5% au prix actuel du pétrole. « Alors que d'autres pays d'Afrique de l'Ouest prennent des initiatives fiscales pour attirer et conserver des investissements à long terme dans des projets en eau profonde, le Nigeria a fait un pas dans une autre direction dans le but d'augmenter les revenus du gouvernement, mais cela a créé une situation fiscale peu attrayante pour les investisseurs en amont », indique le rapport.
La situation en Algérie n’augure également rien de réjouissant sur le plan de l’investissement et du développement de nouveaux projets. En fait, le pays a subi un coup dur car les recettes d'exportation du pétrole ont baissé de manière drastique en raison de la chute du prix du pétrole.
L'impact de cette situation est assez important car l'Algérie dépend fortement des recettes d'exportation du pétrole et du gaz pour soutenir son budget. Le rapport de la Chambre africaine de l'énergie a indiqué que les exportations algériennes de gaz vers l'Europe et de GNL vers les marchés d'Asie de l'Est et d'Europe ont également connu une baisse en 2020 en raison de la réduction de la demande du gaz à cause de la pandémie de Covid19.
Une baisse qui n’a rien de nouveau puisque l’année 2019 a enregistré 26 milliards de mètres cubes contre 39 milliards de mètres cubes d'exportations de gaz par pipeline en 2018. Le pays a également dû, selon la même source, signer de nouveaux contrats d'exportation avec des volumes inférieurs, car l'Algérie pourrait avoir du mal à maintenir ses exportations de gaz à court terme vu que sa consommation intérieure de ce produit augmente.
«En l'absence de découvertes majeures, le pays a également introduit une nouvelle loi sur les hydrocarbures, dans l'espoir d'attirer de nouveaux investissements de la part de sociétés étrangères. Cela a conduit Sonatrach à signer plusieurs mémorandums d'entente (MOU) donnant des opportunités d'exploration dans le cadre de la nouvelle loi à des majors et des indépendants dont ExxonMobil, Chevron, ENI, OMV, Cepsa, Lukoil, TPAO et Zarubezhneft », précise ledit rapport.
Concernant les perspectives du développement du marché du gaz, il est prévu qu’après 2025, la production s’accélère en raison de la mise en service de nouveaux projets importants en Afrique de l'Est. Toutefois, la consommation intérieure ne devrait pas suivre cette tendance à moins que de fortes politiques ne soient adoptées et conduisent à l'expansion des infrastructures gazières africaines, ce qui impliquerait une augmentation des exportations en 2030. « Seuls une volonté politique soutenue, une législation favorable et un fort soutien de l'industrie peuvent libérer le véritable potentiel que le gaz africain peut avoir dans le continent», a conclu le rapport.