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Pour Saadia Bensahli, cette marginalisation, à mille lieues de toute notion «d’égalité des chances en termes de scolarité, a provoqué l’affliction des parents d’enfants atteints d’autisme». Puis d’ajouter : «D’autant que le présentiel demeure le choix pédagogique idoine par rapport à leurs besoins en termes d’apprentissage et de socialisation».
Vampirisés par la polémique «distanciel-présentiel», les modalités de la rentrée scolaire 2020- 2021 n’ont laissé aucune place aux enfants en situation de handicap, comme on dissimulerait de la poussière sous un tapis. Comme si le sujet ne méritait pas d’y prêter attention. Pourtant, l’autisme, pour ne parler que de lui, est le quotidien, à des degrés divers, de 340.000 enfants et leurs parents. Désespérant, le mutisme de l’Exécutif sur le sujet n’est plus du tout soutenable. Car il ne s’agit pas uniquement des enfants autistes.
Selon le Haut-commissariat au plan, les taux de prévalence du handicap dans le pays sont de l'ordre de 2,3% au niveau national, 2,2% en milieu rural et 2,4% en milieu urbain. Autrement dit, ce sont des centaines de milliers d’enfants qui se retrouvent à la marge des décisions gouvernementales. Malheureusement, les années passent et le constat ne change pas : il est convenu qu’au Maroc, les personnes en situation de handicap sont laissées pour compte. Une situation dont les conséquences sont en temps normal désastreuses. Aujourd’hui, en plus de l’indifférence du gouvernement, elles le sont encore plus car amplifiées par la crise sanitaire. Cela en fait un peu trop pour des citoyennes et citoyens marocains, autant que vous et moi. Dès lors, l’intervention de la députée USFP Saadia Bensahli, dans l’Hémicycle a le mérite de mettre en lumière cette problématique dans la perspective de lui trouver des solutions.
Les solutions, il en faudra tôt ou tard. Les enfants en situation de handicap vivent un véritable calvaire. Et cela ne date pas d’hier. Dès mars, le confinement a eu des effets catastrophiques sur leur apprentissage tout en accentuant leur précarité. Prenons le cas des enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale (IMC) qui sont de l’ordre de 20 à 30 enfants sur 1000 dans le pays. Les parents de ces enfants sont désabusés car «d’un point de vue orthopédique, il y a un recul au niveau des apprentissages durement acquis, en termes de socialisation notamment», nous confie Loubna Chérif Kanouni, fondatrice de l’Amicale marocaine des IMC. Et de poursuivre : «Le temps ne joue pas en faveur des déficiences. Il les altère encore plus. Donc la prise en charge pluridisciplinaire est indispensable au bon développement de l'enfant et de l'adolescent en situation de handicap».
Sauf que voilà, depuis la fermeture des centres spécialisés en mars dernier, jumelée à l’impossibilité pour les aides-soignantes de prodiguer les soins paramédicaux et les séances de psychomotricité à cause des gestes barrières et de la distanciation, les acquis de ses enfants s’effritent chaque jour un peu plus. Et alors que les espoirs des parents convergeaient vers cette nouvelle année scolaire, ils ont été atterrés par la fermeture des écoles actée il y a quelques jours dans plusieurs villes du Maroc. Dans la capitale économique, l’Amicale marocaine des IMC est fermée jusqu’à fin septembre, au moins. L’Association dont l’objectif est d’apporter aux enfants atteints d’infirmité motrice, cérébrale ou de paralysie cérébrale une prise en charge adéquate pour un meilleur éveil psychomoteur, ne peut évidemment pas remplir ses missions. Pis, elle risque de mettre la clef sous la porte.
La crise sanitaire n’a pas uniquement impacté négativement les enfants en situation de handicap mais aussi les structures qui les accueillent en temps normal. A la base, les établissements de protection sociale, dont l’apport bénéfique aux familles et à leurs enfants est inestimable, ont des comptes dans le rouge depuis des années. En cause, le retard du versement des subventions qui leur sont dues «promises en juillet et relatives à 2018, et qui n'ont toujours pas été versées à ce jour», regrette Loubna Chérif Kanouni, présidente de l’Amicale marocaine des IMC dont la structure emploie une trentaine de personnes à temps plein dont «15 paramédicaux et 10 entre éducatrices et éducatrices spécialisées», énumère-t-elle tout en avouant qu’en l’absence desdites subventions, «l'association a puisé dans ses ressources et auprès de ses partenaires pour conserver les emplois. Mais aujourd’hui, nous avons de grandes difficultés à les maintenir, d’autant que les quelques parents qui payaient une participation n’ont plus rien versé depuis le confinement. Et c'est le cas de toutes les associations du domaine».
Bref, c’est clair comme de l’eau de roche, le gouvernement ferme délibérément les yeux sur la situation des personnes en situation de handicap, celles de leurs parents et des structures censées leur venir en aide pour ce qui s’apparente à «une violation de leur droit aux soins et au bien-être familial», s’offusque Mme Chérif Kanouni. Et alors que ce n’est pas demain la veille que la pandémie s’arrêtera dans le pays, il est temps pour le gouvernement de s’enquérir du sort des personnes en situation de handicap. Il ne faut pas oublier que l’on peut juger la grandeur d'une nation à l’aune de la façon dont les plus faibles y sont traités. A bon entendeur.
Chady Chaabi