Les dégâts des dernières inondations s’élèvent à 0,7% du PIB : Le CMC évalue à 1,2 milliard DH les pertes en stock de capital


Mohamed Kadimi
Samedi 1 Mai 2010

Les dernières inondations ont eu un effet dévastateur sur  l’économie marocaine. Il ressort d’une analyste faite par le Centre marocain de conjoncture (CMC) que les dommages causés dans les différents secteurs de l’activité économique par les intempéries exceptionnelles du début de l’année, ont induit une perte au niveau  macroéconomique évaluée à 0,7% du PIB. En somme, la consolidation  des  évaluations effectuées pour l’ensemble des secteurs les plus sinistrés porte  les  pertes  en  stock  de capital  à  un  montant  global avoisinant 1,2 milliard de DH.
Le CMC précise cependant que les  estimations  effectuées  se limitent  aux seules pertes en capital directement  productif  affecté  par  les inondations  ainsi  qu’aux  pertes en  production  et  de  valeur ajoutée  au  niveau  des  différents  secteurs  d’activité  pour déboucher  sur  une  évaluation globale en termes de PIB.
Au  plan  des  infrastructures économiques  d’abord,  les intempéries ont  causé  des dégâts importants au niveau du réseau  routier,  des  équipements  collectifs,  des  ponts  et voies d’accès secondaires. En adoptant des hypothèses probables  sur  l’amortissement moyen  de  ces  infrastructures, leur  vétusté  et  leur  durée  de vie, et en se basant aussi sur les montants alloués pour  leur aménagement ou  leur  remplacement, l’estimation des pertes subies  de  capital  fixe  en  travaux  publics  devrait  avoisiner les 730 millions de DH. En ce qui concerne  le bâtiment,   les inondations  ont  provoqué  des dommages  sérieux  au  niveau des  constructions  pour  usage d’habitation et ont fait perdre en partie  ou  en  totalité  les  logements  d’environ  4.900 ménages. On estime ainsi que 2650  habitations  précaires construites  dans  leur majorité en  pisé ont  été  totalement détruites. La perte du capital en bâtiment  évaluée  sur  la  base aussi  bien  des  informations quantitatives  fournies par  les services administratifs concernés que des déclarations des sinistrés devrait, en toute probabilité, approcher le montant global de 286 millions de DH.
Le Centre marocain de conjoncture fournit plus de détails: Outre  les  dégâts  causés  au niveau  des  productions  des spéculations  de  l’année,  des pertes en capital ont été enregistrées également  au  niveau du secteur agricole. Ces pertes correspondent  plus  particulièrement  au  bétail  décimé,  aux plantations  endommagées  ou totalement  arrachées  et  aux installations et aménagements détruits (puits, écuries, matériel de  pompage,  etc.).  Les  1371 têtes  de  bétail  décimées,  les 4025 ruches d’abeilles endommagées et  les pertes des  installations déclarées constituent en effet une dégradation subite d’actif naturel et une diminution du  capital.  On  estime  sur  la base  des  données  actuellement  disponibles  que  ces pertes  en  capital  pour  le  secteur  agricole  s’élèvent  à  un montant  brut  atteignant  132,5 millions  de  DH.  
En  plus  de  la  dégradation  du capital  productif  dans  les  secteurs les plus exposés, les précipitations abondantes du mois de février  ont  été  à  l’origine  d’une perte substantielle en matière de flux de produits et en termes de valeur  ajoutée pour  l’année 2010.  Les  principales  activités productives  ont  été  affectées avec  des  intensités  différenciées, d’une manière directe ou par  ricochet,  durablement  ou pour  un  temps  relativement réduit. Il s’agit en premier lieu de la production agricole qui a subi des  dommages  importants  sur des  superficies  atteignant 168.000 ha de cultures, notamment  celles  des  céréales,  des légumineuses, de la betterave à sucre  ou  encore  des  cultures maraîchères. Les activités d’élevage  ont  été  lourdement  touchées avec une perte de bétail estimée à près d’un millier et demi de têtes en plus des dommages causés à la production avicole. Il en  est  de  même  de  certaines activités industrielles qui ont été sérieusement gênées au niveau de leur propre processus de production ou à travers les dysfonctionnements  du  système  d’approvisionnement  et  des  circuits de  distribution. Enfin,  les  activités de commerce et de transport ont  été  aussi  affectées  par  les difficultés  d’accès  à  la  clientèle survenues  avec  l’intensification des intempéries.
La  perte  du  secteur  agricole évaluée  en  termes  de  valeur ajoutée  a  été  approchée  par type  de  culture  et  par  produit d’élevage sur la base des informations  fournies  par  le Département de l’agriculture en utilisant  les  structures  des comptes  agricoles  détaillés  et les  normes  de  référence  correspondant  à  une  campagne agricole moyenne. Selon cette approche, les pertes subies au niveau de la production du secteur  agricole  s’élèveraient à environ 5,2 milliards de DH, soit 5,8 % de la production  totale  du  secteur.  Cette baisse  devrait  se  répercuter d’une façon proportionnelle sur la  valeur  ajoutée  agricole  et ferait  fléchir  cet  agrégat  en comparaison  avec  l’année 2009 de 7,6% au lieu de 4,3% avancé comme prévision par le CMC avant les inondations.
S’agissant du secteur industriel, sur  la  foi des  indicateurs obtenus à partir des principales  enquêtes  de  conjoncture qui  ont  couvert  le  mois  de f é v r i e r,  la production des  industries manufacturières aura fléchi en raison des mauvaises conditions  climatiques.  Les  sous- branches les plus affectées sont l’industrie agroalimentaire et  la chimie  et  parachimie.  Les  services  dans  leur  ensemble, notamment le secteur du tourisme, le transport et  les  activités  de  logistique  et de commerce ont été aussi touchés à des degrés divers par les perturbations  climatiques et  les difficultés de transport.


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