-
Journée culturelle bissau-guinéenne au Théâtre Mohammed V : Bonnes performances du groupe «Netos de Bandim» et de l'artiste musicien Binham Quimor
-
La diversité culturelle du Maroc célébrée au Village de la Francophonie à Paris
-
"Le plus grand mariage du monde", un spectacle célébrant les traditions marocaines le 7 décembre prochain à Casablanca
-
Grille de la nouvelle saison d’Al Aoula : Une offre attractive de grands rendez-vous
Les lectures, segmentées par l’arrivée sur scène de la chanteuse Veda Dedhin aux côtés de Ciprian Eloi au clavecin, permettent au spectateur d’apprécier la juxtaposition de la littérature et de la musique. A travers la mélodie, l’atmosphère se transforme et la lecture théâtrale prend vie. L’imagination se laisse guider par le son de la voix transportant l’auditoire à travers les siècles; tandis que l’irrégularité de cette musique baroque illustre le tempérament de Marie-Antoinette tiraillée entre son devoir et ses désirs.
Réputée pour sa grâce et son port de tête sans égal, c’est interprétée par Géraldine Hédelin que Marie-Antoinette arrive élégamment sur scène pour rejoindre sa plume et son cahier. En 1770, la jeune Marie-Antoinette n’a que quatorze ans quand elle épouse le Dauphin. Elle relate dans ses correspondances cette famille royale qu’elle n’apprécie guère et son mariage avec Louis XVI qui met sept ans à être consommé. La jeune femme aux yeux pâles et au teint rosé use de ses charmes, et éprouve prestement un penchant pour le Comte Fersen qu’elle n’hésite pas à faire asseoir à ses côtés dans les salles de jeux.
La reine retrace ses fêtes, bals et tables de jeu ou elle perd des sommes astronomiques. La comtesse narre peu à peu dans ses lettres son amour pour le Comte de Fersen, et se dit “ si heureuse que mon bonheur m’inquiète”. Assurant emporter “ dans le tombeau la douce certitude d’avoir été aimée”. Elle se demande après le retour du Comte d’un long séjour, le 11 mai 1775 s’il existe “ un plaisir plus grand que la présence de l’être aimé.“
De son côté, la Cour accuse le caractère volage de l’archiduchesse, condamne sa frivolité et ses escapades. Elle met au monde une fille, Marie-Thérèse-Charlotte qui elle seule parviendra à l’âge adulte. Trois autres descendants au tragique destin suivront, elle relatera dans ses correspondances la souffrance de perdre successivement les êtres aimés.
Progressivement, la situation se dégrade et la reine semble emportée par les événements. Elle exprime en 1789 “n’avoir rien fait pour démériter aux yeux de ces Français que je ne comprends plus”. Elle essaye d’apaiser les tensions mais se sent en danger et prend peur pour son mari, le Roi qui “ne dit mot”. Elle correspond avec ses amis à qui elle demande de ne pas revenir en France ; elle est inquiète par cette “ agitation qui grandit” au sein du Royaume. Ses lettres retracent jusqu’à ses derniers jours, condamnée en 1793 à quatre heures du matin et conduite à l’échafaud, elle confie que “ les vagues du désespoir houlent dans ma tête”.
La lecture théâtrale s’achève en beauté tandis que le claveciniste, la chanteuse et la comédienne montent tous trois sur scène pour saluer l’assemblée. Notre voyage à travers le temps prend fin, et ce n’est qu’une fois sortis de la Villa des arts que ce caractère atemporel est brisé par la vie nocturne casablancaise.