Les retraités européens envahissent le Sud marocain
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Au chaud, ces nouveaux nomades aux cheveux blancs mettent le cap sur le grand Sud. Leur destination préférée : la presqu’île de Dakhla, mais aussi toutes les plages au sud d’Agadir. Aglou, Mer Lift, Sidi Ifni Watya Chbika Akhfanir, Tarfaya et Boujdour. Toutes ces plages sont envahies par ces gitans d’un autre genre.
C’est donc là que ces septuagénaires débarquent. La plupart du temps en couple, avec tout leur attirail chargé dans la remorque : cannes à pêche, rocking- chair, squads, antennes satellite pour rester connectés et coffres pleins pour tenir l’hiver. Ils plantent leur maison roulante au bord de l’eau, près des falaises, certains regroupés, d’autres totalement isolés, les uns pour près de six mois, les autres pour une étape dans un baroud dans tout le royaume chérifien, voire au-delà. « On a toujours aimé atteler et s’en aller. Après une semaine à la maison, on fout le camp ! », assure l’un de ces aventuriers, autrefois à la tête d’une PME spécialisée dans le transport sanitaire en région parisienne, qui compte vendre son pied-à-terre d’Oléron. Un autre , ex-chauffeur routier, est quant à lui passé à l’acte : il a tout largué et vit en camping-car à l’année. « Il y a quatre ans, il m’a dit “je t’emmène au Maroc”. Et depuis on est sur la route », résume Dominique, sa nouvelle compagne. « On est un peu comme les gens du voyage. On n’arrête pas de rencontrer des amis. » Comme ce vendredi, où ils fêtent l’anniversaire d’Alain, 61 ans, ex-restaurateur du bordelais. « Allah soupe ! », lâche ce dernier à la tablée conviviale, une vingtaine de têtes blanches ou grisonnantes, dont les parents qui ont passé les 85 ans ! Au menu : une énorme paella de poissons très frais. « Vous avez vu les pauvres retraités », ironise Marie-France en montrant la pêche toute fraîche qu’elle et son mari s’apprêtent à déguster avec des amis. « On est venus directement. Trois jours de route. » Tout comme ces cinq femmes, qui causent de tout et de rien en tricotant pour les petits-enfants à l’ombre de leur camping-car, alors que leurs maris sont partis pêcher. Ils étaient cheminot, artisan, décorateur, pharmacien, gendarme… Annick et Marie-Claude travaillaient dans la banque. Ces deux soeurs font désormais la route avec leurs époux. Juste pour le plaisir des paysages et de retrouver l’accueil charmant des Marocains. « Une retraite dorée ? ». Un pêcheur de Tarfaya se plaint de la concurrence déloyale de ces nomades modernes, dit-il, qui font des captures de poisson à moindre coût et nous disputent le marché où ils commercialisent leurs produits pour acheter le peu de légumes et autres fruits qu’ils consomment ainsi que leur carburant. On se demande quel avantage le tourisme marocain peut tirer de ce genre de visiteurs qui viennent salir nos plages, et nous concurrencer dans la pêche et la vente de nos produits maritimes.
La Tunisie voisine, consciente du danger que représentent ces retraités pour le tourisme, interdit le camping-car sur son territoire. Que peuvent donc attendre les responsables du tourisme national de ces envahisseurs ?