La population de la capitale a de nouveau exprimé sa colère et sa frustration après l'attentat qui a tué dimanche au moins 213 personnes dans une rue bondée de Karrada, un quartier commerçant majoritairement chiite.
La tâche des autorités est cependant très difficile car les attentats à la voiture piégée menés par des kamikazes sont extrêmement difficiles à prévenir dans une ville densément peuplée comme Bagdad où entrent des milliers de véhicules chaque jour.
Cible des critiques, le Premier ministre Haider al-Abadi a tenté de répondre à la colère populaire en annonçant dimanche de nouvelles modifications des règles de sécurité.
Il a notamment ordonné le retrait de détecteurs d'explosifs jugés totalement inefficaces. Ce matériel avait été vendu à l'Irak par un homme d'affaires britannique, James McCormick, qui a été condamné à 10 ans de prison en 2013 en Grande-Bretagne pour "fraude".
Ces derniers mois, la pression s'est fortement accrue sur l'EI, qui a perdu une partie des territoires conquis lors de son offensive de 2014. Les forces irakiennes, soutenues par les frappes de la coalition internationales, ont notamment reconquis les villes de Tikrit, Ramadi et, ces derniers jours, Fallouja, ne laissant que l'agglomération de Mossoul (nord) aux mains des jihadistes.
Plusieurs observateurs assurent qu’après avoir tenté de créer un proto-Etat, l’EI se voit contraint de redevenir un groupe terroriste.
Une telle évolution pourrait encore affaiblir la position de Abadi, un chiite et ancien exilé devenu Premier ministre en août 2014. Il n'a depuis pas réussi à asseoir son autorité et sa crédibilité a été encore entamée ces derniers mois par son incapacité à remanier son gouvernement pour mieux lutter contre la corruption et accélérer les réformes réclamées par les Irakiens.
"Actuellement, le problème politique essentiel est la faiblesse et le manque de crédibilité d’Abadi", souligne Kirk Sowell, éditeur de la lettre d'informations Inside Iraqi Politics.
Cette défiance a été illustrée dimanche par l'accueil houleux réservé à Abadi lorsqu'il s'est rendu sur les lieux de l'attentat. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux a montré des hommes en colère lancer des pierres sur un convoi présenté comme le sien.
Abadi a ensuite déclaré comprendre "l'émotion et les actions qui se produisent dans des moments de colère et de tristesse".