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Parmi les grands objectifs de ce travail scientifique, décliné en 399 pages, reste d’exposer le rôle du Maroc et l’ampleur de sa contribution, aux côtés de la France, en termes de contingents de soldats et de main-d’œuvre ou des biens du pays. Mais le plus important était de rappeler le contexte de cette participation. C’est-à-dire, dresser la situation du Maroc avant cette guerre. Le moyen est bien évidemment une analyse détaillée du Maroc nouvellement occupé et soumis à l’administration Lyautey qui a décidé de vider l’œuf sans briser la coquille, selon les propos de Jean-Louis Miège. Il s’agit, en d’autres termes, de vider le pays de son potentiel humain et de ses biens économiques, sans pour autant perdre son contrôle.
Le chercheur a accompagné cette participation à travers toutes ses étapes, ses fondements et son impact à tous les niveaux. Il s’est également attardé, chiffres à l’appui, sur la nature et l’ampleur de cette participation (soldats, main-d’œuvre, argent, mines…), et a poursuivi l’analyse de son impact sur le plan interne, en raison de la crise socio-économique engendrée et au niveau externe, sur la mesure où il s’est arrêté sur la situation des soldats marocains sur tous les fronts de lutte, ainsi que les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers marocains en France, ayant contribué à faire évoluer leur prise de conscience syndicale et politique. Bekraoui est parvenu par la suite à décrire l’état du Maroc après la première Grande guerre, et s’arrête sur quelques aspects de la résistance marocaine face à l’occupation française dans le milieu rural, notamment les environs de Taza et Tafilalt, ainsi que l’émergence de la prise de conscience patriotique dans les villes. Il s’agit donc d’une étude approfondie, méticuleuse de l’état du Maroc d’après la convention du protectorat signée le 30 mars 1912 et comment, en tant que nouveau pays colonisé, il a été contraint de mettre ses ressources matérielles et humaines à la disposition et au service de la métropole. Mohamed Bekraoui nous apprend ainsi, à travers son ouvrage, que de ces moments d’occupation, de confiscation et d’actes de corvée émerge la culture de lutte et de résistance.
Les soubassements du rejet de cette réalité, dans les milieux urbains et ruraux se sont étendus pour que cet ouvrage soit érigé en témoignage sur des étapes majeures de l’histoire de complémentarité et de synergie dans la lutte nationale au Maroc entre un monde rural qui résiste et une ville qui proteste. Dans sa préface, le professeur Jean-Claude Allain affirme que « ce gros livre…est un monument qu’il sera difficile de contourner avant des années, et il s’imposera donc à toute recherche sur la Grande guerre et ses suites immédiates au Maroc ».
* Faculté des lettres Aïn Chok, Casablanca