Les Etats-Unis infestent le climat

Angela Merkel fustige le “protectionnisme” et “l’isolationnisme” du président américain


Par Assia Bennani (Stagiaire)
Samedi 1 Juillet 2017

En se désengageant des Accords de Paris, Donald Trump cherche à donner le coup de grâce à la sauvegarde de l’environnement, de la biodiversité et des êtres vivants.
A quelques jours du G20, la chancelière allemande a eu des propos tranchants à l’encontre de Donald Trump, depuis son retrait des accords sur le climat. Dans sa déclaration, elle fustige le « protectionnisme » et « l’isolationnisme » du président américain. Angela Merkel a souligné « que sur le climat, "le désaccord (avec les Etats-Unis) est notoire et il ne serait pas honnête de le masquer».
Par ailleurs, en France, au lendemain du retrait de Trump des accords climatiques des 195 pays signataires, Macron fraîchement élu avait recadré le businessman depuis l’Elysée dans un discours coulé dans la langue de Shakespeare, en dérobant son slogan de campagne pour en faire « Make our planet great again » (rendre sa grandeur à notre planète). Jonglant de l’anglais au français le chef d’Etat précisa, à juste cause,  que la décision de Trump est une erreur fatale pour la planète et que « sur le climat, il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B ».
Généralement  les gouvernements étasuniens, sont très motivés face à des ennemis « nuisibles » à abattre. L’histoire nous l’a déjà conté et continue de le faire. Les Etats-Unis d’Amérique sont des marchands de guerre, ce n’est un secret pour personne. Des guerres, ils ont en toujours fait pour se remplir les caisses. Il y a eu l’ennemi communiste, puis les fondamentalistes musulmans, la Chine sur la ligne de mire, et maintenant le climat. Face à cet ennemi invisible, le président de la première puissance mondiale est désarmé. Tout est à perdre et rien à gagner car : no war, no money (pas de guerre, pas d’argent). Pour le capitaliste indécrottable qu’il est, la meilleure chose à faire est d’ignorer, avec beaucoup de volonté, cet enquiquineur climatique, qui n’a aucune conscience de sa propre existence, ni de son intention de nuire. Pas question de  restreindre l’industrie et de stopper l’exploitation des sources naturelles. Après tout, il s’agit du futur. Lui, est un homme du présent. A sa décharge, Donald Trump n’est rien d’autre que l’avorton d’un système capitaliste qui a fait chou blanc face à la sauvegarde de l’environnement, des êtres vivants et de l’humain en particulier.
La politique économique étasunienne est basée essentiellement sur le complexe militaro-industriel, né en pleine période chaotique des années 1930 et contre lequel le président Eisenhower dans son discours de fin de mandat, a mis le peuple américain en garde contre les dangers que ce dernier pourrait engendrer. Il n’y a qu’à voir le marasme dans lequel le monde est plongé aujourd’hui, notamment le Moyen-Orient. Loin d’être le seul avertissement d’Eisenhower, il a également dans son allocution,  fait allusion à l’objet de nos préoccupations climatiques actuelles : « …Eviter la tentation de vivre seulement pour le présent, pillant pour notre propre aisance et confort, les précieuses ressources de demain… », a-t-il dit . Quand un Trump utilise sans vergogne un slogan comme : « Make America great again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique), il y a de quoi faire tourner en toupie l’ex-président dans sa tombe. Car « l’America » de Trump a perdu de son aura, aux yeux du monde, depuis son intervention sur le climat.
Dans le fond, en bon capitaliste, pour Trump, la question du climat n’est rien d’autre qu’un jeu électoral très lucratif. Plébiscité par 28 Etats producteurs d’énergies fossiles et de charbon, le milliardaire, lors d’une conférence sur le climat en mai 2016, leur avait promis le retrait des Accords de Paris une fois à la présidence, qualifiant ces accords de « stupides » et « qui obligent des centaines de centrales de charbon à fermer, et qui bloquent la construction de nouvelles ».  Autant dire que son discours a trouvé le plus favorable des échos parmi les quatre principaux Etats producteurs de charbon, qui avaient sur la ligne de mire le Clean Power Plan d’Obama (réduire les émissions de CO2 de 32% entre 2005 et 2030). Son serment lui a valu des votes représentant jusqu’à 70% des voix. Avec en tête de liste le Wyoming  et la Virginie de l’Ouest qui couvrent à eux deux 34,2% de la production nationale. Certains de ces états comme le Dakota du Nord septième producteur de charbon  étaient prêts à déposer le bilan, du fait des politiques environnementales strictes menées par les démocrates.
Sous perfusion de pétrole et de charbon, les états producteurs d’énergies fossiles se réjouissent déjà. Extraction effrénée de charbon, de pétrole, construction de pipelines, plate-forme de forage, raffinerie…Oublié les émissions de gaz à effet de serre, oublié les interdits de l’époque Obama. Tout se remettra en marche. Pour rappel, les Etats-Unis sont le deuxième producteur de charbon après la Chine et le troisième consommateur de charbon après la Chine et l’Inde.
Déjà à Marrakech, les intentions de Trump inquiétaient. Son scepticisme sans bornes sur les changements climatiques, est alimenté par la peur de perdre le leadership mondial clairement exprimé dans sa récente déclaration : «L'accord de Paris compromettrait notre économie, briserait nos travailleurs, affaiblirait notre souveraineté, imposerait des risques juridiques inacceptables et nous mettrait en situation de faiblesse permanente par rapport aux autres pays du monde». Il justifie aussi sa décision pour se désengager des accords climatiques en criant au complot et en affirmant que le changement climatique n’était qu’un « canular » inventé par « les Chinois » pour tuer l’industrie américaine. Alors que les Etats-Unis se retirent de ce qui est désormais représenté comme un défi planétaire, le dérèglement climatique est déjà en marche. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a observé une hausse des températures de l’air et des océans qui induit une fonte des glaces et l’élévation du niveau des mers. Pour éviter l’irréparable, le groupe de scientifiques a fixé la barre de la hausse des températures à 2°C. Pour ce faire, une diminution de 50% des émissions de gaz à effet de serre devrait être atteinte d’ici 2050.


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