Le système éducatif national disséqué à l’EST de Berrechid

Conférence sur les réalités et les perspectives de l’enseignement au Maroc


Mourad Tabet
Mardi 6 Mars 2018

L’Organisation Alternatives pour l’enfance et la jeunesse, section de Berrechid, a organisé samedi dernier à l’Ecole supérieure de technologie (EST) de ladite localité une conférence sous le thème : «Le système éducatif et pédagogique au Maroc : réalité et perspectives».
Au début de cette conférence, Oussama Al Tourki, diplomate, a mis l’accent sur le secret de la réussite  de la Finlande en matière d’éducation. Selon lui, le miracle finlandais repose sur des idées simples. Tout d’abord, c’est l’élève qui a la priorité sur les savoirs et celui-ci n’a pas de devoirs à faire à la maison. Au cas où il connaîtrait  des difficultés, il n’est pas considéré comme étant en situation d’échec, mais il faut tout simplement lui accorder plus de temps pour acquérir les compétences requises. Ce qui n’est pas le cas dans le monde arabe où des méthodes archaïques d’enseignement basées sur la mémoire et l’apprentissage par cœur ont cours.
«Pourquoi parle-t-on toujours d’une crise de l’enseignement au Maroc à laquelle on n’est malheureusement jamais parvenu à trouver un remède ? Est-ce que cela est dû à l’absence de compétences, de moyens, ou s’agit-il d’un problème politique?», s’est interrogé le professeur Habib Astati Zine Eddine en assurant que l’aboutissement à une école nationale efficace est tributaire d’un changement de mentalités.
Ce chercheur universitaire a également évoqué une autre problématique que l’ancien ministre de l’Education nationale Abdellah Saaf avait mise en exergue lors d’un entretien avec la presse. Il s’agit de celle de la gouvernance du secteur de l’éducation. En effet, il y a, d’une part, une commission consultative qui définit les grandes orientations du secteur et, d’autre part, le ministère de tutelle dont la mission consiste à exécuter ces orientations. «Dans ce cas, qui est politiquement responsable en cas d’échec, le ministre ou la commission?», s’est-il interrogé.
Pour sa part, Malika El Baraji, inspectrice de l’enseignement à Rabat a abordé dans son intervention la question des «politiques pédagogiques et des disparités dans le domaine de l’éducation».
Elle a affirmé dans ce sens que la vision stratégique de la réforme 2015-2030 repose sur un principe d’équité et que le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a insisté sur la nécessité d’introduire une discrimination positive au profit du monde rural.
A ce propos, elle a mis l’accent sur un indicateur mondial relatif à la fréquentation de l’école par les enfants. Le taux moyen au niveau international est de 5,6 ans.
Au Maroc, ce sont les provinces du Sud et les axes Rabat-Kénitra et Casablanca-Settat qui enregistrent les meilleurs taux et dans seulement 19 des 75 provinces du Royaume, les enfants restent 6 ans à l’école.
A titre d’illustration des disparités régionales en la matière, l’intervenante a rappelé que Marrakech est classée à la 10ème place, alors que Chichaoua l’est à la 75ème puisque le temps de scolarisation n’y dépasse pas un an.
Pour sa part, la province de Casablanca est classée à la deuxième place au niveau national, alors que celle de Settat l’est à la 56ème place.
Un autre fait marquant évoqué par cette spécialiste concerne les disparités qui existent entre les collectivités territoriales. Dans 12% seulement des 1538 collectivités du Royaume, soit 153, les enfants sont scolarisés durant six ans.
Ces disparités spatiales ont un impact sur le système éducatif marocain, a indiqué Malika El Baraji, ajoutant que le système actuel ne garantit pas l’égalité des chances. Pour cette raison, la stratégie du département de  tutelle vise à réduire ces disparités spatiales.
Pour sa part, le professeur universitaire Rachid Tahiri a abordé le sujet de la réalité de l’enseignement supérieur au Maroc.  Il a affirmé en substance que même si l’Etat consacre des dépenses importantes à cet enseignement, la part consacrée à la recherche scientifique reste dérisoire car le budget qui lui est dédié ne dépasse pas 1% du PIB. En plus, les universités marocaines ne sont pas bien équipées, ce qui explique la faiblesse des projets de recherche scientifique qui y sont menés.
« Combien de brevets sont déposés à l’OMPIC ?», s’est-il demandé. Selon lui, un rapport de cet Office datant de 2016 a révélé que ce nombre ne dépassait pas les 237 brevets dont seulement 131 émanant des universités marocaines.
Il a, par ailleurs, évoqué un autre problème dont souffre l’enseignement supérieur, à savoir celui de la surpopulation notamment dans les établissements à accès ouvert. Il a dans ce sens cité les exemples de la FSJES de Settat qui accueille 20.000 étudiants et celle d’Agadir qui est fréquentée par 40.000 étudiants.


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